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Tout ce que l’on a aimé de la #NYFW · FW 18/19

Ça y est c’est fini, la New York Fashion Week s’est terminée ce mercredi. La Grosse Pomme va pouvoir reprendre son rythme « normal » : loin des KLAXONS des taxis répétés, le claquement des talons sur le pavé, et des flashs des paparazzis déchaînés.
On a longtemps reproché à NY d’être la Fashion Week la moins exaltante de ce grand marathon. On ne va pas se mentir mais il y a encore cinq ans, à part les américain·es, personne n’était en train de se taper le cul lorsque celle-ci se déroulait.
C’est chose révolue à présent depuis que Raf Simons a fait ses bagages pour les poser à Manhattan. Plus précisément au 205W39, adresse des quartiers généraux de Calvin Klein dont il est le directeur artistique depuis un an. Pour souffler sa première bougie, notre cher Rafy nous présente une collection homme et femme beaucoup plus douce et optimiste que celle présentée il y a six mois. Le mot d’ordre est à la sécurité et la tranquillité, l’envie de se réchauffer dans une large maille tricotée, ou dans une épaisse veste de blazer aux épaules surdimensionnées. Une légèreté qui elle se traduit dans de longues robes de mousseline, les plus souvent transparentes. Calvin Klein se révèle peu à peu, tournant la page avec l’arrivée de son nouveau créateur.

 

Calvin Klein

Tout laisse penser qu’un nouveau mouvement est en marche (sans pour autant mêler Emmanuel Macron) : Les manteaux de travailleurs de chantier, les échafaudages répartis dans le décor, et le pop-corn, métaphore d’une explosion tout en douceur, tapissant le catwalk de CK. On ne sait pas encore ce qui nous attend, mais on adore déjà.

Et pour ne pas faire les choses à moitié, Raf Simons nous a également présenté sa collection éponyme pour l’homme, dans un décor tout aussi intriguant. Des bouteilles de vin à moitié pleines (vides ?) qui jonchent le sol parmi des biscuits apéro et grappes de raisin… En arrivant c’est la stupeur de toute la masse people/fashion totalement déroutée qui ne sait plus si elle a atterri à un défilé ou à l’after de la veille. Elle a enfin pu reprendre ses esprits lorsque le show a débuté, mélangeant tailleurs revisités, mailles épaisses et logos floqués aux noms de drogues peu communes (sauf pour les plus malsains d’entre vous).

Raf Simons

Une collection simple tout en étant originale, sobre avec un brin de singularité, pour créer une atmosphère comme seul Raf peut le faire. S’il y a un créateur à suivre à nouveau, c’est bien lui.

Bien sûr cette Fashion Week ne se résume pas qu’à notre Dieu belge vénéré. Les mastodontes de la mode américaine ont eux aussi sorti le grand jeu pour nous en mettre plein les mirettes et voilà ce que ça a donné.

Chez Alexander Wang, on a rendez-vous dans un business-office qui de prime abord, nous évoque le café froid et le cliquetis du clavier qwerty. Jusqu’à ce que BAM la musique démarre et s’en suivent une quarantaine de modèles frôlant les 30 km/h de marche rapide. Lunettes Matrix, tailleurs de cuir zippés, et talons à strass de rigueur pour la nouvelle business-woman de NY. Elle veut plus boire de coca zéro parce que ça fait grossir, elle vient plus aux « réus » parce qu’elle frôle constamment le burn-out, et part du bureau à 17h pour chercher les gosses qu’elle n’a pas (être mère, ça fait grossir aussi).

Alexander Wang

Ensuite chez Tom Ford, on sépare encore les hommes des femmes, ce que l’on comprend mieux lorsque l’on voit le final du défilé masculin : du zizi en veux-tu-en-voilà. À part ça on est fan des motifs animaliers omniprésents de la collection féminine. Cougar Power en balle, en plein Beverly Hills, loin des cris des pauvres et illuminés par le soleil californien ou par la cabine UV. Leggings à sequins, pulls à sequins, sac à sequins où l’on peut lire « PUSSY POWER ». Le message est clair pour Donald Trump, que l’on imaginera très bien à la maison blanche l’hiver prochain avec sa petite minaudière T.F.

Tom Ford

Dernière icône de la semaine de la mode, le Marc Jacobs, le vrai, le tout-puissant. Il nous présente une collection totalement en marge de ce qu’il nous propose habituellement, et plus généralement, décalée des défilés que l’on a pu voir cette semaine. MJ King of Fashion prend un virage résolument années 80, utilisant des kilomètres de tissus dans des couleurs flashies pour créer des robes et combinaisons plus délirantes les unes que les autres. Des nœuds de cuir ou de soie viennent souvent marquer la taille pour rendre la femme sexy, et lorsqu’il n’y en pas, c’est une femme sûre d’elle qui dévoile son jeu avec des épaules larges et carrées. Dans un climat politique où c’est pas la grande joie, ça fait franchement du bien de voir autant de couleurs et d’exubérance. Comme si la crise, Trump, et la disparition des ours polaires n’avaient jamais existées.

Marc Jacobs

Pour le dernier chapitre de cette Fashion Week, faisons un petit tour d’horizon des créateurs de demain. Ceux pour qui, on l’espère, se verront attribuer une place parmi les grands prochainement.

D’abord il y a R13. Chris Leba, son designer, présente une collection clairement engagée pour l’environnement. On retrouve des pulls et tee-shirts imprimés all-over de clichés d’aigle royal, d’ours bruns, de chouettes hulottes. Les pantalons et manteaux sont recouverts de motifs tantôt serpent, tantôt léopard. Toujours dans ce même contexte politique, Chris Leba – le directeur artistique – souhaite dénoncer les mesures prises par le gouvernement à l’encontre de la conscience environnementale. Parmi les plus polémiques, la construction d’exploitations minières et de forages dans des espaces protégés, notamment dans l’Utah. Des manifestations y avaient eu lieu et certaines images de celles-ci recouvrent des pièces de la collection. Dans une intelligence qui a du style, R13 réussit haut-la-main son défilé après seulement un an d’existence.

R13

Autre phénomène de la semaine, Gipsy Sport et son designer Rio Uribe nous soumet lui aussi sa vision de la mode d’aujourd’hui. Dans une continuité toute aussi engagée, il cantonne l’utilisation de matériaux usés, et le rapiècement des pièces entre elles. On retrouve alors des soutifs barbelés, des shorts ornementés de fonds de canettes et des vêtements décousus, semblant reprendre vie soudainement. Si le Phoenix devait porter un nom il s’appellerait Gipsy, tant on découvre que d’un rien on peut créer un style. Prenez note toutefois que la collection n’est pas forcément portable ; et qu’il nécessite une certaine audace pour marcher dans la rue tétés à l’air, ou pour sortir la robe canettes-opercules.

Gypsy Sport

La dernière cause à laquelle il était judicieux de s’engager pour son défilé est celle du #metoo. Mouvement des femmes qui en ont assez de se faire tripoter pour un oui ou pour un non, ou qui en ont ras la jupe de se faire siffler parce que celle-ci est trop courte, il a eu un effet retentissant depuis l’affaire Weinstein. À travers sa collection Fall 2018, Dion Lee nous présente des femmes sûres d’elles, qui défilent en costume sobre aux lignes droites, avec leur soutien-gorge apparent. Une élégance jamais vulgaire que l’on observe tout au long de sa présentation, véhiculant le message fort aux femmes qu’elles sont libres de sortir comme elles veulent, et que même si tu veux sortir de chez toi le soutif par-dessus le blazer ou ta robe de cocktail, et bah vas-y, fais-toi plaisir. Si un gros porc t’emm****, dis-toi que tu pourras toujours lui balancer ta coupe de champagne dans le visage.

P.S : dans les yeux, ça pique encore plus.

Dion Lee

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