Il est la figure émergente de la création chinoise, Sean Suen nous a accorde quelques précisions sur sa collection Printemps-Été 2021.
Basé à Pékin depuis le confinement, Sean Suen était habitué des podiums parisiens depuis 2016 : année où sa maison éponyme entre dans le calendrier officiel de la Paris Fashion Week. Il défend un style fort dans ses coupes novatrices, donnant la sensation d’un look épuré mais graphiquement construit. Des lignes architectures, dynamiques et minimales, relevant d’un aspect expérimental assumé et d’une philosophie profond. C’est d’ailleurs la thématique première cette dernière collection SS 21, présentée digitalement lors de cette saison exceptionnelle des collections masculines, où le nihilisme règne en maître dans un monde où l’humain est hors-contrôle.

La situation actuelle me rappelle le livre de Nietzsche « La Naissance de la Tragédie », où est invoqué l’esprit de Dionysos, prodige divin et donneur d’inspirations sublimes, et tente de combler le fossé entre l’essence de la vie humaine, ses émotions internes et l’esprit du temps.
SEAN SUEN
La confusion de l’Homme dans les aléas temporels, si le sujet est souvent revendiqué dans les Arts, peut-être l’est-il moins pour un secteur comme la mode. Sean Suen fait le pari de l’intégrer dans son processus créatif, imprégné du contexte actuel il reste, malgré celui-ci, enclin dans ses convictions créatives : « le choix d’une source d’inspiration est la plus importante pour moi. C’est après l’avoir déterminé que je complète naturellement la collection. Ce moment pandémique à très certainement changé nos comportements d’une manière ou d’une autre, mais j’ai gardé un rythme assidu ».


Reflet textuelle d’un monde en mutation, dont le recul abyssal se révèlerait nécessaire et absurde afin d’y prendre de la hauteur. C’est pourtant le caractère paradoxale qui est engagé tout le long de cette collection : le couple polaire entre Dionysos et Apollon. Deux esthétiques et sensibilités contraires, que Sean Suen interprète aujourd’hui dans cette sélection dionysienne, le Un originel que l’on ne peut saisir, classer ou ordonner. « Je veux apporter une vision complexe et contradictoire: la confiance se mêle à la vulnérabilité. Les forts puissants se mêlent aux faibles… Comme tout être humain, nous avons tous des côtés différents ».

À la sortie de cette crise sanitaire commune demeurent les problématiques d’antan. L’humanité en perpétuel conflit avec elle-même ne saurait s’y résoudre quand bien même le contexte s’aggrave. Reconnaissons le travail des créateurs dans leur lutte pour celui-ci : observer, sentir, faire comprendre à ceux pour qui la tâche est moins habile. Sean Suen accompagne ce sens de manière innée au fil de ses collections, peut-être la raison de son succès international : « Je soutiens pleinement le chemin qui mène les gens à être des individus, à avoir des droits égaux, à être courageux et à être gentils entre eux ».
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