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À deux pas de la place des Ternes, dans ce 17e arrondissement parisien aux beaux immeubles haussmanien, le chausseur Malfroid et son patron Victor Bastié nous ont accueilli pour parler souliers évidement mais aussi artisanat, intemporalité, cuir et patine, montres et automobiles. Avec un père chaussé en Lobb, Green ou Alden, comment ne pas tomber amoureux de ces objets du quotidien qui évoquent savoir-faire et temps qui passe ? Portrait d’une marque et de son fondateur, passionné par son métier et des belles choses.

Parcours d’un passionné de soulier.

Après des études en commerce international dans une grande école, Victor commence dans l’univers de la chaussure au début des années 2000 chez Le Coq Sportif. Il y resta pendant trois ans puis rejoint l’aventure Septième Largeur, quasi à la création de cette marque. De la gestion des collections aux ouvertures de boutiques en France et à l’international, le jeune homme a tout connu pendant près de neuf ans. Son goût pour l’entrepreneuriat et la vision qu’il venait d’avoir de l’univers du soulier masculin le pousse à fonder la marque Malfroid.

Pourquoi le nom Malfroid ?

« Choisir un nom est quelque chose de très compliqué si on veut le faire bien. Soit on prend une agence spécialisée qui vérifie la disponibilité, la phonétique et l’image, soit on décide de partir d’une base existante. » Dans le cas présent, Malfroid est le nom d’un ancien bottier parisien qui avait la charge de réaliser les bottes cavalières de la Garde Républicaine, fabrication que la maison J.M. Weston récupéra quelques années plus tard. Sauf que la maison limousine n’ayant aucun de souvenir de ce passé et ne possédant pas le nom, Victor a décidé de le faire revivre. 

« Une boutique dans le 17e : un choix stratégique. »

« L’implantation est liée à mon ancienne boutique, avec laquelle je distribuais la précédente marque. J’ai naturellement installé Malfroid ici car le lieu est à un carrefour stratégique pour la clientèle ». En effet, des cadres de La Défense aux avocats du 8ème arrondissement tout proche, la boutique est idéalement située et la pause déjeuner est le moment privilégié de ces hommes pressés pour faire leur shopping.

PENNY LOAFER MOCASSIN MALFROID
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Qui est le client type de Malfroid ?

« Le client Malfroid, c’est un homme entre 30 et 40 ans, cultivé dans l’univers de la chaussure habillée, qui travaille en costume, qui aime les belles choses et qui veut parfois quelque chose de différent mais surtout qui souhaite un sens du service qui ne trouve plus ailleurs, surtout dans les grandes enseignes. C’est un peu comme un tailleur qui vous connaît et qui vous conseille dans le but non pas de vendre à tout prix, mais pour vous aider à trouver votre style. »

Les nouveautés pour cet été et les idées pour l’hiver prochain.

Pour cet été, les nouveautés se concentrent sur les couleurs beige, bleu, gris requin des mocassins ou des chukka. Pour l’hiver prochain, les prototypes sont déjà aux pieds du fondateur de la marque puisqu’il faut quasiment un an entre l’idée et la mise en production puis son arrivée en boutique.

Est-ce plus facile de créer un soulier d’été ou d’hiver ?

« Ce n’est pas une question de facilité mais d’envie. Je préfère concevoir des souliers d’hiver car ils sont plus complexes et on peut jouer avec des matières, les semelles, l’équilibre à trouver entre robustesse et élégance ». Et effectivement, lorsque Victor nous dévoile ses prochaines créations pour l’hiver prochain, une bottine balmoral ou un « vrai derby de baroudeur » en cuir graissé taupe, on sent l’amour et la passion transpirer dans la conception d’un plateau cousu main ou la hauteur des œilletons pour les lacets.

« Une chaussure réussie, c’est une paire intemporelle qui ne bouge pas en 10 ans. »

Parlez-nous de l’ambiance de votre boutique.

« J’ai voulu concevoir moi-même cette ambiance, avec des meubles au design scandinave, des affiches de voitures et de montres anciennes au mur, mes propres livres sur mes passions comme piédestal à nos souliers et le bleu caractéristique de Malfroid un peu partout, comme sur nos semelles, qui est la signature de notre marque. » Chose magique dans l’aménagement de la boutique, c’est l’atelier patine, disposé contre la vitrine et qui permet non seulement de bénéficier de la lumière naturelle pour créer des nuances et des reflets, mais également faire profiter les passants du savoir faire de la maison.

Le service de patine est-il toujours aussi important pour les clients ?

« Assurément ! Il y a deux tendances de fond dans la patine. Le première, ce sont les couleurs vives comme un bleu électrique, un rouge sang et les couleurs les plus folles. Ce fut une mode qui perdure parfois mais elle tend à s’atténuer. La seconde, qui prend de plus en plus d’importance, c’est la patine « discrète ». Un effet boisé, un léger dégradé dans une nuance de brun, un ombrage pour souligner une forme… ». Lorsque le client entre ici, il choisi son modèle puis Victor et ses équipes de coloriste-patineur proposent des modèles existants sur photo, le client affinant son choix en atténuant ou renforçant tantôt une couleur, tantôt un effet de pinceau à tel endroit. Le but ? Se sentir unique et ne pas avoir la même chaussure que son collège de bureau ou de métro. C’est d’ailleurs devenu commun de patiner une chaussure de travail, comme pour se démarquer du lot.

« La patine, c’est donner à quelque chose d’usuel, une histoire particulière. »

Et la mode des sneakers par les chausseurs, qu’en pensez-vous ?

« Que J.M.Weston ou Berluti se lancent dans la production de ce type de chaussure relève d’une adaptation à une demande de la clientèle pour ce type de produit. C’est devenu normal que ces grands noms puissent avoir un ou deux modèles dans leur gamme mais pas plus car à mon sens, ça peut décrédibiliser ces marques puisque la qualité ne suit pas toujours. » Chez le chausseur de la rue Villebois-Mareuil, les processus sont les mêmes que pour les souliers de ville. Les coutures sont réalisées par les mêmes personnes, les semelles sont étudiées longuement pour qu’elles soient durables. Ce type de chaussure sera bientôt au catalogue selon Victor, mais peut être plus dans le style runner …

Questionnaire « Quand le TTT rencontre Marcel Proust »

Si vous étiez …

Une ligne ou une station de métro ?

Je prends rarement le métro en tant que motard !

Mais je dirais la station « Passy » pour sa partie aérienne.

Un quartier de Paris ?

Le 1er arrondissement, place du marché Saint Honoré.

Une couleur Pantone ou de l’arc en ciel ?

Navy blue, sans hésiter.

Une chanson ?

Prince, You sexy Motherfucker.

Un animal sauvage ?

J’aime bien le crocodile pour son côté tranquille, caché, discret mais puissant et fort à la fois.

Une voiture ?

Un Range Rover Vogue de 1994, pour son côté tout terrain et caméléon.

Une saison ?

Le printemps… ou non, l’automne finalement !

Un parfum ou une odeur ?

La rosée du matin dans la campagne.

Une association plat / vin ?

Un confit de canard avec un bon bordeaux.

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