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Ilaria Nistri, subtilement féminin …

Une poésie au LYRISME brutal, des coupes franches et surprenantes, des matières aux couleurs FRAPPANTES, c’est l’ADN Ilaria Nistri.  Après un parcours atypique tourné vers l’étoffe alors qu’elle était prédestinée au droit,  Ilaria Nistri décide de reprendre l’entreprise de textile familiale.

Repérée d’abord par le  fondateur de l’Eclaireur à Paris, Ilaria crée sa marque éponyme en 2006 pour étendre sa ligne contemporaine plus streetwear en 2010. Ses créations sont désormais distribuées dans une centaine de boutiques dans  le monde. Un coup de MAÎTRE. Sa passion pour l’art contemporain ainsi que sa vision de la femme comme une Amazone  tournée vers l’avenir ont su créer cette originalité UNANIME autour d’elle.

Elle précise « pour moi la femme Ilaria est une femme forte et déterminée […] en elle le contraste entre force et fragilité devient un tourbillon magnétique où les touches sombres et lumineuses cohabitent, dessinant ainsi une beauté qui n’est jamais ostentatoire et une sensualité qui ne tombe jamais dans la vulgaire. ».

Ilaria Nistri invente cet univers UNIQUE dans lequel se mêle subtilement féminité, magnétisme et une part de MYSTÈRE  Un tryptique audacieux où le charme des vetêments associé à une modernité artistique accouche d’une femme FORTE résolument ancrée dans son temps.

Rencontre avec l’une des créatrices italienne des plus brillantes de sa génération. 

 

Avant toute chose, les lecteurs ont besoin d’en savoir plus sur vous. Comment avez-vous commencer votre carrière dans la mode ?

J’ai suivi des études de droit, persuadée que je finirai avocate, juge ou notaire. Mais même pendant mes études – qui me passionnaient – j’étais attirée par la production textile, à laquelle ma famille a toujours été liée. J’assistais donc à des présentations de tissus, à la fabrication d’échantillons. J’adore le tissu – c’est la base de toute collection ! Après mon diplôme, j’ai commencé à travailler dans l’entreprise de textile familiale, ce qui m’a permis de beaucoup voyager – une autre chose que j’adore!

La mode m’a toujours attirée : je suis une collectionneuse – de robes et bijoux des années 20, de kimonos anciens, de joaillerie ethniques – et à cette période où je travaillais avec le tissu, j’ai commencé à me faire des vêtements, puis à en coudre pour mes amis. C’était un fabuleux divertissement. Avec une bonne dose d’insouciance (ce qui m’a toujours poussée quand je m’investis dans un projet), j’ai décidé de laisser mon passe-temps devenir mon travail.

J’avais le soutien de ma famille et de mon partenaire… qui est depuis devenu mon mari et mon associé!

Vous avez lancez votre marque en 2006. Comment cela s’est-il passé ?

Après plusieurs années dans le milieu, à me dédier au projet, c’était devenue une évidence. Oui, c’était en 2006. Avec deux valises, une bonne dose de détermination, de folie et de légèreté, je suis arrivée à Paris, à la porte d’Armand Hadida. Il a été très enthousiaste quand je lui ai parlé de mon projet, et la même année je présentias ma collection à Paris – où j’apprenais aussi que ma marque était adoubée par de prestigieux grands magasins et boutiques internationales comme Isetan Tokyo, I.T à Hong Kong, Mercury à Moscou, et L’Eclaireur à Paris.

Vogue Italie vous a élue « une des meilleures jeunes créatrices iatlienne » en 2008. Diriez-vous que cela a été un moment clé de votre carrière ?

C’était un moment absolument génial. Il était important d’être lancée internationalement en tant que créatrice.

Je n’ai jamais cessé de croire en mon projet. Mais c’est quand j’ai finalement obtenu le contrôle sur toute la production – des échantillons textiles à la coupe, de la couture aux finitions, jusqu’au planning de vente et la distribution –, que tout a pris son importance. Cette implication demande des efforts considérables mais garantit également des produits de haute qualité, et une possibilité d’expérimenter toujours plus avec la fabrication et les matériaux.

En 2010, vous avez également lancé « Roque ». Pourriez-vous nous en dire plus ? Y a-t-il un lien entre vos deux marques ? 

Le projet « Roque », notre ligne contemporaine, est la parfaite continuité du style Ilaria Nistri. C’est une brève excursion dans le même univers, avec un côté street plus marqué. Sa principale caractéristique est l’immédiateté. Elle n’a pas nécessairement une autre cible, mais plutôt un autre usage. Une collection comme « Roque », faite surtout de sweat-shirts, rend la marque Ilaria Nistri accessible à tout moment.

Pourquoi avoir choisi Paris pour developper votre marque ? 

Aujourd’hui notre distribution est étalée dans le monde entier. Ce réseau international de vente nous a poussé naturellement à s’installer sur Paris, où nous travaillons maintenant avec un showroom permanent et une agence de presse.

Comment vous définiriez-vous : plutôt comme une créatrice ou une directrice artistique ?

C’est difficile à dire, car je suis consciente de participer à chaque étape de la naissance des collections. De la création (choisir les tissus, rechercher de nouvelles techniques à utiliser, expérimenter sur les finitions et teintures…), au design des vêtements, jusqu’au moment où la collection est présentée.

Que pensez-vous de la mode vue comme une forme d’expression artistique ? 

Je ne suis pas convaincue que la mode soit nécessairement une forme d’expression artistique. Je pense premièrement à la mode comme un outil permettant à la femme de se sentir plus en phase avec l’idée qu’elle a d’elle-même, et donc plus sûre d’elle. La mode est ce qui magnifie, ce qui fait se sentir bien et permet de s’échapper quand le besoin s’en fait sentir.

Bien sûr, il y a des exemples – je pense à certains créateurs actuels ou d’un autre temps – qui ont fait de certaines pièces ou de collections entières des œuvres d’art… de par leur art au sens technique, de par leurs idées ou leur vision.

Pour moi, l’art vient en premier, au début de mon processus créatif. C’est là que tout commence. Ensemble, la nature, l’art classique et contemporain sont mes sources d’inspirations.

Quelle est votre définition de la femme ? Avez-vous une idée précise de l’image de la femme Ilaria Nistri ?

Une femme qui se nourrit de la beauté. Elle vit beauté et le rend à ceux qui l’entoure. Elle aime se remettre et être remise en question. Une femme Amazone rare, sophistiquée et presque éthérée. Une femme forte et déterminée sans jamais être agressive, qui sait tomber l’armure et ne cache pas ses blessures, et qui est toujours prête à saisir l’avenir. En elle, le contraste entre force er fragilité devient un tourbillon magnétique où les touches sombres et lumineuses cohabitent harmonieusement, dessinant ainsi une beauté qui n’est jamais ostentatoire et une sensualité qui ne tombe jamais dans le vulgaire.

Elle est une merveille impartiale, un équilibre parfait mais jamais stable, un mystère. La mode est un langage et pour la femme Ilaria Nistri, le vêtement est un caractère de sa personnalité.

Votre façon d’appréhender la création est-elle très personnelle ?

Tout commence toujours par la recherche d’images et de matière issus de l’art, tournant autour du nouveau projet, pour créer un équilibre. En simultané, nous travaillons sur le développement d’une silhouette. D’abord, ce cheminement est complexe et requiert des efforts considérables, mais, une fois les décisions prises, tout se réunit au cœur de la collection et ces recherches en accélèrent en fait la mise en forme.

Et puisque nous en sommes au matières, quelle est votre favorite ? 

La soie et le cuir ensemble, pour le contraste et la coexistence que cela crée entre force et fragilité.

Parlons de vos équipes, de ceux qui vous entourent. Etes-vous celle qui a développé toutes vos techniques de fabrication ?

Je suis entourée de collègues extrêmement talentueux. Toute la production est faite en Italie, ce qui signifie que la recherche, les expériences techniques et la fabrication par nos artisans chevronnés est une vraie collaboration, avec un échange mutuel quotidien. La satisfaction que nous tirons de cela n’a pas de prix.

Votre dernière collection s’intitulait « Marble by Echos » (« Echos par le Marbre », ndt), comment l’avez-vous appréhendée ? 

Cette collection SS17 parle d’une partie de l’Italie que j’adore. Les imprimés ont captivé mon imagination et m’ont emportée le long de la route de marbre entre Carrara et Pietrasanta, où je séjourne toujours un moment lors de mes vacances. Là-bas, de larges et béantes fissures s’ouvrent sur les pentes des montagnes escarpées, attirant le regard et transpirant d’une certaine idée de sacré : on les appelle les « cathédrales de marbre ».

Des tunnels divisés en d’énormes salles au cœur de la montagne, où les murs sont décorés de lignes plutôt que de fresques, des formes géométriques et des textures créées à travers le temps par l’érosion naturelle ou la main de l’homme. Une vue stupéfiante. Dans une atmosphère à la fois épurée puis intime et légère, nous avons présenté la collection à la presse dans le plus vieux studio de sculpture de Carrara, le Laboratori Artistici Nicoli, où des artistes comme Beecroft Mimmo Paladino, Michelangleo Pistoletto, Anish Kappoor and Louise Bourgeois ont conçu certaines de leurs œuvres.

Nous savons que vous adorez collaborer avec des artistes. Est-ce un point catalytique de vos créations ? Pourriez-vous nous donner celle qui pour vous a été la meilleure ? 

L’art contemporain, indubitablement, m’évoque une foule de réactions fortes et d’émotions. Je travaille toujours en collaboration avec des artistes pour mes collections. Par exemple, nous créons ensemble de nouveaux imprimés. C’est incroyablement intéressant de faire plus ample connaissance avec l’artiste, de rencontrer la personne derrière, la façon dont il ou elle travaille. J’ai rencontré certains artistes dont les projets de recherches sont très différents et parfois indépendants les uns des autres. Une de mes collaborations les plus poussées a été celle avec l’artiste Andreas Nicholas Fisher, qui travaille avec des algorithmes mathématiques qui demandent des journées entières de calcul – la façon dont ce processus algébrique finit par créer des images évocatrices est inouïe.

Une autre collaboration ayant une signification particulière pour moi, a été celle avec le photographe Aitor Oriz, qui a redonné forme à l’architecture des photos de la collection, donnant vie à des images très fortes au niveau des émotions. La nature m’a inspirée, même dans sa dimension altérée, endommagée par l’homme, comme on le voit dans le travail de David Maisel. Plus généralement la nature est une de mes grandes inspirations. Dans son aspect brut et puissant surtout. Je pense aux volcans, aux couleurs de l’Islande, des terres arides du désert. Le voyage est une inspiration. J’aime beaucoup voyager même si mon métier ne me permet pas de toujours trouver le temps pour.

Après le parfait succès de votre ligne femme, pensez-vous que vous pourriez envisager une ligne homme dans le futur ?

Tout le monde me demande de développer une ligne homme. Nous verrons bien…

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