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Hyères 36 : Les lauréats d’une mode pour demain

Showroom Mode de la Villa Noailles · Courtesy © Luc Bertrand

Pour sa deuxième année consécutive, le Festival international de Mode, de Photographie et d’Accessoires de mode d’Hyères, s’est ouvert une nouvelle fois à la mi-octobre, dans le cadre de sa 36e édition. Du 14 au 17 octobre le public a pu retrouver la Villa Noailles dans un état d’esprit plus libéré que jamais, dans cette version augmentée du Festival avec moins de restrictions que l’année précédente, mais l’événement s’est toujours tenu et ce, sans jamais faillir. 

Ils étaient dix finalistes, qui sont les lauréats du concours Mode ? 
Hyères Festival
Ifeanyi Okwuadi, lauréat du Grand Prix du Jury Première Vision · © Émile Kirsch

Ifeanyi Okwadi : lauréat du Grand Prix du Jury Première Vision

Sous la présidence de Louise Trotter, directrice artistique des collections Lacoste, le Jury Mode a décerné son Grand Prix au jeune créateur anglais Ifeanyi Okwadi. Baptisée « Take the toys from the boys » sa collection reprend la ligne anglo-saxonne d’habillement pour enfant en les transposant sur une idée plus mature du look masculin. L’accessoire coup de cœur, c’est sans aucun doute les pin’s fabriqués à partir d’un jouet offert dans l’œuf en chocolat Kinder. Arboré  sur le pull tel votre objet fétiche, ce petit crocodile fait de plastique témoigne d’une philosophie beaucoup plus grande, consciencieuse des réalités contemporaines. Se réapproprier de ce que l’on pensait perdu, voir ce que l’on ne voyait pas, feront certainement parti des défis de demain.

Ifeanyi Okwuadi se voit doter d’une bourse de 20 000 euros remise par Première Vision, ainsi que d’une visibilité au salon Première Vision Paris en septembre. Un projet de collaboration avec les Métiers d’art de Chanel, à hauteur de la même somme, est également attendue d’ici l’année prochaine.

Elina Selina remporte le Prix Chloé

Venue de Lettonie pour nous présenter une collection « revenant aux racines et faisant des rêves une réalité », Elina Selina a également dû soumettre, à l’instar des autres finalistes, un look évocateur de l’esprit Chloé. Le sien s’est particulièrement démarqué, reprenant le style qui lui est propre, un sens technique du tricot inégalable et transmis par sa mère lorsqu’elle était très jeune, elle a su les conjuguer à la perfection aux codes de la maison britannique. À la fois chic et libre, la silhouette est devinée sans qu’elle laisse trop voir, une allure aérienne et sophistiquée digne des plus belles soirées d’été. 

Chloé Hyères 2021 - Salins des Pesquiers © Étienne Tordoir

Elina Selina obtient une bourse à hauteur de 20 000 euros. 

le19M des Métiers d’Art de Chanel pour Rukpong Raimaturapong

En collaboration avec la Maison Michel, illustre chapelier appartenant aux dix-neufs Métiers d’Art, le créateur Rukpong Raimaturapong a reçu le Prix 19M qui a pour vocation de célébrer les savoir-faire qui font la réputation de Chanel. Originaire de Thaïlande, Rukpong Raimaturapong a fait de le pari d’une palette aussi audacieuse que diversifiée en matière de couleurs pour sa collection présentée à Hyères. Le chapeau réalisé auprès de la Maison Michel est un assemblage astucieux de plusieurs éléments composant le patron : à la manière d’une matrioshka, les formes s’ajoutent afin d’en créer la silhouette finale. Le résultat ludique, coloré, a su séduire le Jury Mode. 

19m Chanel Lauréat
Métiers d'Art Chanel Award Hyères 2021 - Villa Noailles - Hyères, France © Étienne Tordoir / CatwalkPictures

Le lauréat reçoit une dotation de 20 000 pour la réalisation d’un nouveau projet de création, qui sera dévoilé lors de la 37e édition du Festival. 

Sofia Ilmonen et le jeune prix Mercedes-Benz 

Afin de renforcer son partenariat de longue-date avec le Festival, Mercedes-Benz lance le Prix de la collection éco-responsable. Une façon de marquer son engagement dans une cause particulièrement en vogue dans les courants critiques de l’industrie automobile. Assumant ses velléités dans le soutien de la créativité et de l’innovation en de nouveaux procédés responsables, Mercedes-Benz offre pour cette première année une bourse de 20 000 euros au lauréat, c’est la finlandaise Sofia Ilmonen qui se voit l’honneur d’en bénéficier. Diplômée de la Aalto University School of Arts, Design and Architecture à Helsinki, c’est à Londres que débute la formation de Sofia Ilmonen au London College of Fashion. Après un passage chez Thomas Tait, Maarten van der Horst, Minna et Alexander McQueen, elle rejoindra la Finlande en 2018 pour y terminer ses études. Trois ans plus tard, c’est à Hyères que son succès se poursuit, promettant un avenir radieux pour la créatrice. 

Adeline Rappaz consacrée par la Ville d’Hyères

Issue de la HEAD de Genève, la créatrice suisse Adeline Rappaz a fait sensation auprès du public pour cette 36e édition du Festival. En effet, cette collection punk-baroque baptisée « Le temps des rêves » peut connaître un franc-succès tant par les nombreuses références dans lesquelles elle s’imprègne que dans son état d’esprit, déjà cité auparavant, concernant les mouvances contemporaines. Un processus créatif qui mêle ce style indémodable aux besoins recycler, collecter, cueillir un ensemble de souvenirs qui composent les mondes que l’on ne voyait plus. Une robe dont le tissus est un assemblage de différents boutons récupérés, tels une armure indestructible forte de ses couleurs et de ses témoignages. Une autre pièce monumentale est brodée de motifs tropicaux comme si ils avaient étaient peint par des néo-impressionnistes. La touche Adeline Rappaz a de quoi séduire les artys amateurs de contre-courants. 

Elle se voit offrir une année de résidence à la Villa Noailles, cadre tout simplement idyllique pour prendre une bouffée d’air frais, et composer de nouveaux mondes. 

Retour à l’anormal ?

Se déroulant traditionnellement en avril, comme une ouverture au printemps, le Festival d’Hyères a été repoussé en 2020 en raison du contexte sanitaire. Il s’est néanmoins maintenu, non sans concession, afin de garantir la sécurité de chacun dans une période assez difficile pour tous les milieux professionnels, en particulier artistique. À l’occasion de sa 35e édition Jean-Pierre Blanc, le président-fondateur du Festival, nous affirmait alors qu’il en allait d’une « continuité du service public » : « J’aime beaucoup cette notion de « service public de la culture », en partie financés par de l’argent public nous sommes donc un service public : au service du public ». De cette mission, Jean-Pierre Blanc en fait une promesse, celle de garantir un Festival neutre et désintéressé afin de servir l’unique intérêt de ses finalistes : « J’ai toujours refusé que les concours soient des opérations de communication sur le dos des jeunes créateurs et des artistes. On ne peut pas lancer des concours par simple coup de com’ pour que derrière il y ait du vent. Alors on s’interroge : comment pourrions-nous être au plus proche de leurs attentes ? ».

L’intégralité de l’entretien avec Jean-Pierre Blanc est à retrouver dans le TTT n°X « Anthropocène ». 
Photographies © Benjamin Rouan 
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