Opium. Cette drogue qui nous évoque les contreforts de l’Asie est aussi le parfum qui incarne La femme Saint Laurent. Cette Asie, du Japon à la Chine en passant par l’Inde, Yves Saint Laurent l’a rêvé, capté, magnifié, du milieu des années 60 jusqu’à la fin des années 1970. C’est cet univers et cette période que le musée de la marque nous propose de découvrir dans l’exposition « L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent ».
En entrant dans cet hôtel particulier de l’avenue Marceau, nos pieds s’enfoncent dans cette moquette zébrée beige et vert tilleul, comme au temps où les clientes venaient, dans ces salons de Haute Couture, rendre visite au créateur. Quelques photographies des défilés sont accrochées aux murs, des croquis aussi. C’est en traversant le hall d’entrée que nous embarquons pour un voyage en Asie. Cette partie du globe, à ses débuts, le couturier la connaît finalement peu, sauf au travers de ses collections d’objets d’art et d’innombrables livres. Les salles du premier étage sont plongées dans le noir, du sol au plafond. Les créations de Saint Laurent côtoient des pièces traditionnelles, où la richesse des tissus n’a d’égal que la flamboyance des couleurs : Du vermillon, de l’améthyste, du bouton d’or, des brandebourgs, des broderies… La lumière magnifie les vêtements, les dessins préparatoires nous émerveillent par leur simplicité et par leur audace.
La transition se fait par le point central de l’exposition : Opium. Cette fragrance marque un tournant dans l’histoire de la maison. Ce parfum iconique, transgressif, aux accents tantôt de jasmin, tantôt d’épices subtiles, nous est expliqué dans un boudoir aux murs recouverts de miroirs et d’écrans. Sur ces derniers, les acteurs de ce scandale olfactif nous dévoilent ses secrets de fabrication, la création du parfum en lui même, son packaging unique et cette communication mondiale devenue mythique, dont Chantal Ross nous avait raconté l’histoire dans nos colonnes.
Gravissons quelques marches pour nous retrouver dans le monde des mille et une nuits. L’Inde est rêvée, trop peut-être. Les tenues extravagantes dévoilant les courbes féminines s’opposent aux parures fantaisies dignes des maharadjas. Après cet univers immaculé, pendant inverse à la noirceur des premières salles, formant ainsi un parcours semblable au Yin et au Yang, nous arrivons à l’acmé de notre visite : le bureau de Monsieur Saint-Laurent. C’est un choc. Rien n’a changé ou presque depuis sa disparition en 2008. C’est troublant, émouvant, passionnant, enivrant …
Ce que nous regrettons en redescendant vers la sortie, dans la dernière pièce dédiée à la genèse d’Opium – des esquisses du flacon au magistral communiqué de presse de l’époque – nous aurions voulu sentir ce parfum, humer cette ambiance, reflet d’une époque et miroir des rêves d’Yves Saint Laurent.
Exposition « L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent » au Musée Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau Paris 16e. Du 2 octobre 2018 au 27 janvier 2019. Tarif : 10€ en plein tarif, 7€ en tarif réduit Jours d’ouverture : du mardi au dimanche, Horaires : 11:00 à 18:00 (nocturne le vendredi jusqu’à 21.00)
Photos : © Yves Saint Laurent/ photo Thierry Ollivier