fbpx

The breaking Ice (Un hiver à Yanji) : Chine sentimentale

Le réalisateur Anthony Chen vient présenter un long-métrage dans la section Un certain regard avec The Breaking Ice, dont l’énergie polie souffre néanmoins de trop grandes hésitations dans son récit.

Alors que le Festival entre dans sa deuxième moitié, que faut-il retenir de Breaking the Ice, présenté dimanche 21 mai 10 ans après le sacré de Ilo Ilo à Caméra d’or ? Tout à la fois, quelques plans superbes et bien peu de choses qui pourraient réellement élever le film. Racontant l’histoire d’un homme, Haofeng, arrivé à Yanji pour un mariage (et fuyant ses séances de psychothérapie), le film suit sa rencontre avec Nana et Xiao et leur cohabitation progressive alors que Haofeng se voit contraint de repousser son départ. Triangle amoureux ou tentant en tous les cas de s’apprivoiser, le récit prend des allures de Jules & Jim lorsqu’il aborde la rivalité des deux hommes ou les déambulations du trio dans la ville proche de la Corée du nord. Il faut cependant arrêter la comparaison ici, alors l’introduction séduisante du film tranche avec le manque de cohérence qui en suit : en effet, Anthony Chen semble hésiter sur les sentiments qu’il cherche à illustrer, entre une contemplation de ses protagonistes et leur évolution dans ces grands espaces enneigés. La conclusion du film semble de fait souligner le saisissement du temps qui passe alors que le réalisateur s’était évertué à appuyer sur la mélancolie que peut engendrer un voyage en solitaire.

Extrait de The Breaking Ice

The Breaking Ice a pourtant pour lui d’innombrables atouts, en particulier toute sa première partie d’une grande qualité synthétique, sans pourtant nuire aux images captées par la caméra d’Anthony Chen. Le film peut ainsi se targuer d’une image superbe et fluide, crépusculaire ou lumineuse selon les instants qui témoigne d’une très belle ambition formelle de la part de son réalisateur. De surcroît, cette volonté d’être économe et concis permet justement d’apprécier toute la beauté de l’image, pas virtuose mais toujours très travaillée, laissant paradoxalement le récit aller à l’essentiel sans être capable de vraiment susciter quelque émotion. On ne sait pas si ce choix aura une influence sur le devenir du film dans cette sélection compétitive, mais dans un festival pour l’instant dépourvu de grand battement de cœur, le risque est grand qu’il ne finisse pas par se démarquer du reste.

Écrire un commentaire