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« We removed your post because it doesn’t follow our community guidelines »

C’est un troisième ouvrage que nous dévoile le photographe Stéphane Gizard en cette fin du mois de mars, pensé tel un pamphlet imagé contre la censure, celle du nu masculin. Le titre évocateur de l’adage algorithmique d’instagram, l’infatigable « We removed your post because it doesn’t follow our community guideline », fait ici l’objet de sa controverse. Des perspectives Orweliennes jusqu’à la fascination du vivant, comment l’artiste traduit-il ses volontés en échappant aux contraintes sociales dominantes ?

Stéphane Gizard

Atteinte aux bonnes mœurs 

On la pensait tomber en désuétude, elle semble pourtant s’emparer des codes rythmés sous le joug de la standardisation. Véritable épée de Damoclès, elle intervient sans relâche, mécaniquement dans le feed Instagram lorsque se révèle le buste féminin ou la fleur de mâle. Cachée sous le prétexte de la pudeur s’impose la bienséance d’une société de contrôle, décidée depuis les bureaux hi-tech d’une Silicon Valley hors contrôle. « 1984 est un roman d’anticipation, mais Palo Alto n’aurait jamais rêvé d’un tel pouvoir… Nos vies sont sous contrôle et nous sommes au premier plan de la soumission. L’intelligence artificielle a réduit notre manière de raisonner ». Elle se veut synonyme de progrès, des horizons sans limites, pari tenu selon les ingénieurs insoucieux et les actionnaires avides. Mais quel avenir nous réserve ces exquises machines aux pensées insensibles ? Le photographe répond d’un regard bienveillant, lestée de censure, sa monographie traduit d’un geste celeste l’opération fondamentale d’une beauté crue. 

« Heureusement, le livre existe et pour ma part je peux y mettre ce que je veux. Je suis libre. »

Stéphane Gizard
Stéphane Gizard

Ode au corps 

Certainement une fenêtre ouverte, que nous offre Stéphane Gizard pour contrer le formatage aseptisé de cette hégémonie du correct. Échappée libératrice tombée à point nommé, peut-être,  dans ce contexte de confinement et d’activités renoncées. Quand la sensualité résonne dans son œuvre c’est parce que l’objectif crie au désir. Il détonne, captive, si le nu choque gare à celui qui en omet la critique : le sujet dépasse cet entendement, et s’amuse de la frontière tangible entre la fabulation et le vivant. Néanmoins, l’artiste doute. Loin d’un optimisme inconsidéré, il craint la fragilité idéologique de cette marche commune : « Heureusement, en Occident, nous avons certaines libertés mais nous devons rester prudents, car elles sont trop fragiles. (…) Les gens tiennent pour acquis ce qu’ils lisent. Et quant au groupe Facebook et à sa censure, il accepte l’idée qu’un sein est mauvais et choquant. Heureusement, le livre existe et pour ma part je peux y mettre ce que je veux. Je suis libre. »

« J’ai été élevé en France, dans une culture emprunt des années 1960-70, avec la nécessité ardente de liberté. »

Stéphane Gizard
Stéphane Gizard

Chemin faisant 

De New-York à Paris, un parcours hédoniste jonché de parenthèses solaires, avec pour refuge Ibiza, Stéphane Gizard édite Modern Lovers en 2013 puis New Faces en 2017. Il conclut aujourd’hui ce nouveau chapitre audacieux, avec une préface signée par le talentueux Arthur Dreyfus, jeune écrivain et cinéaste confirmé. Ce sont les clichés sensibles, intimes d’une jeunesse décomplexée il « (j’)essuie rarement des refus, il n’y a jamais de vulgarité ». Sa philosophie est claire : décloisonner notre rapport au monde et y appliquer son art, reflet d’un façonnage, celui de sa propre vie : « J’ai été élevé en France, dans une culture emprunt des années 1960-70, avec la nécessité ardente de liberté. J’ai été construit comme ça. Je suis modeste, mais mon rapport au corps soulève quelque chose d’autre ». Enfin, il a également été invité à participer au livre « Boys Boys Boys », dont les bénéfices reviendront à la fondation de Sir Elton John pour la recherche contre le Sida. « C’est le curateur Ghislain Pascal et sa galerie de Londres qui m’ont invité à rejoindre l’aventure (…) c’est important pour moi de contribuer à tout ce qui pourrait ramener de l’argent en faveur des personnes infectées ». Stephane Gizard participera également à une exposition à la galerie d’Yvon Lambert, rue des Filles du Calvaire.

Stéphane Gizard

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Photographies par Stéphane Gizard, préface par Arthur Dreyfus

176 pages · 21×28 cm · 45€

500 exemplaires signés

leseditions.bigcartel.com

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