Une électro explosive, à la croisée des mondes disco et techno et qui prend source dans le punk et le rock, Vitalic se sied d’un éclectisme détonant. Inspiré par les textures de synthétiseur et la French Touch des années 90, il s’est forgé au fil du temps l’image d’un électron libre qui brise les frontières des genres. Propulsé par cette vision singulière de la musique, Vitalic développe un univers graphique sauvage et colorée, une invitation au voyage en terre électronique. Réfléchi, l’artiste n’agit pas dans le tourbillon de la tendance, il se laisse le temps de la création; son œuvre se fait ainsi le reflet d’une appropriation et d’une réflexion sur les évolutions musicales de l’époque. Le TTT s’est enivré de ces effluves vibrantes, et vous ouvre les portes d’un microcosme où la musique devient puissance.
TTT : Tu as été très inspiré par la déferlante Daft Punk, peux-tu nous expliquer comment ils ont nourri ta musique ?
Vitalic : Ce qui m’a attiré et ce qui me plaît, ce sont les textures de synthétiseur, avec leur sonorités tantôt mécaniques, tantôt plus humaines.
Ton nom représente à la fois quelque chose de vital et d’organique, c’est une interprétation qui te parle ?
C’est une bonne lecture. C’est pour ça que j’ai choisi ce nom, son aspect sauvage m’a parlé. C’est une dose de quelque chose de très musical, de très énergique, voire punk et rock, quelque chose d’un peu déglingué, un peu perché et expérimental. Mais c’est un choix difficile, pour le garder dans la longueur et de manière équilibré sans m’en éloigner.
Cela fait 15 ans que tu écumes les salles et que tu enchaînes les albums, où puises-tu encore cette envie de créer ?
Je n’en sais rien, peut-être qu’un jour j’en aurai marre. À chaque fois je me dis ça va arriver mais je suis toujours en train de faire de la musique, ça fait parti de moi. J’ai vu beaucoup de monde arrêter autour de moi, surtout ces dernières années. Il y a des gens qui sont retournées dans le civil, enfin je dis ça comme ça mais on n’est pas des gens de la rue quand même. (rires) Les angoisses prennent parfois le dessus, et quand j’ai fini un album je me sens un peu vidé.
Justement, tu as mis 4 ans à composer ton derniers album, c’est un temps nécessaire pour retrouver l’inspiration ?
Il faut le temps de retrouver la substance. En 4 ans, la musique évolue beaucoup, ça me permet de ré-inspirer de mon environnement, de trouver des choses différentes pour écrire sans partir dans des délires trop différents puisque qu’avec Vitalic, j’ai un vocabulaire musical qui m’appartient. Pas la peine de tout recommencer à 0 à chaque fois, j’utilise ce vocabulaire pour l’amener ailleurs. Il y a une réflexion, un travail sur les techniques ainsi qu’une veille informatique. C’est un peu comme un architecte qui monte un projet : il a sa patte mais n’a pas forcément les mêmes contraintes sur l’espace.
Quels sont tes processus créatifs ?
Je n’en ai pas de clairement défini, je fais des brouillons que je retravaille en aval. En tout cas, je ne crée pas simplement de la musique pour le dancefloor. C’est quand même des histoires même si on ne s’en rend pas compte au premier abord, mais c’est comme un bouquin, et il faut que je trouve de quoi l’écrire.
Ton univers graphique explicite bien ta musique, il est haut en couleur, sauvage, on sent que Vitalic est très engagé dans cet aspect créatif.
Ce n’est pas indispensable et on peut très bien se passer de la vidéo, comme le font beaucoup les mouvements techno qui cartonnent en ce moment. Après, sur l’engagement artistique, c’est un peu pompeux mais peut-être qu’on existe par ce qu’on transmet dans son œuvre. Je n’ai pas toujours été très investi sur les shows, j’ai n’ai pas toujours fait les bons choix car je me suis parfois laissé porter.
Mais pour la petite histoire, j’ai récemment payé mais refusé deux vidéos. J’avais engagé un travail avec un artiste et une équipe, sur le papier ça me convenait, mais plus on a avancé et moins le montage me plaisait. Il était hors de question que ça sorte si je n’étais 100% derrière le truc. On peut faire des erreurs, même a posteriori. Un clip pour une musique électronique, ça ne ramène rien, ça ne fait pas vendre de disques ni de lives, on le fait exclusivement pour des raisons artistiques. C’est pour faire de l’image mais aussi pour faire une image à soi.
Et ces shows, tu préfères les exulter avec un public de festival qui ne la connaît pas forcément ou de façon plus intimiste dans une salle ?
Il n’y a pas d’exercice que je préfère ou qui m’intéresse plus qu’un autre. Ce que j’aime, c’est d’avoir passé 1h- 1h30 ou 1h45, quel que soit le lien, avec un bon son, de belles lumières et des gens contents et que ça finisse avec les jambes fatigués. (rires). Dans une salle de concert, je vais pouvoir couvrir des choses plus larges, m’étaler un peu et en général, les gens connaissent une bonne partie du projet. En festival, tout le monde n’est pas là pour moi, il faut poser le décor un peu plus rapidement et aller un peu plus à l’efficacité.
J’ai l’impression que Vitalic se vit plus sur scène, on veut danser sur « Stamina » ou « Waiting for the Stars », plus que l’écouter dans un casque. Tu partages ce point de vue ?
Il y a plusieurs facettes dans ce projet, le live c’est plutôt ce que je voulais au début, mais à un certain moment, on n’arrive plus à définir. Certains vont dire que le meilleur reste la scène parce que ça tabasse, certains préfèrent les morceaux disco dansants pour danser entre amis ou au contraire d’autres préfèrent les grandes pauses mélodiques très cinématographique. J’ai ces trois réputations là.
C’est important que tes disques sortent en 33 tours ?
C’est un objet que j’adore, parce qu’il y a de la place pour une image, pour la lecture, c’est un objet attachant. Il y a quelque chose d’un peu hors d’age et en même temps un peu majestueux. Tous mes albums sont sorti en 33 tours et je compte bien continuer.
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