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Il s’appelle Stéphane et il édite ses projets sous le nom de « Ouai Stéphane ». Aussi simple que cela puisse paraître, c’est pourtant une vision nouvelle que nous apporte l’artiste, pour qui la philosophie « less is more » compte. Electronique expérimentale, de la Côte d’Azur jusqu’à Paris, le rythme psychédélique de son dernier EP « Ché Pas » traduirait-il, avec humour, de la fin espérée du solutionnisme ? Rencontre avec un jeune compositeur drôle et modeste. 

Ché Pas EP
"Ché Pas" EP par Ouai Stéphane, photographie @BenHubbard

Présente-toi en quelques lignes, quel est ton parcours, depuis combien de temps fais-tu de la musique ?

Salut salut ! Alors je m’appelle Stéphane et je fais de la musique et d’autres trucs sous le nom « Ouai Stéphane ». Je viens d’Antibes, sur la côte de l’azur et un peu de Dublin en Irlande (ma mère est irlandaise). J’ai commencé par faire du violon au conservatoire dès l’âge de 5 ans. J’ai bien aimé même si c’était parfois un peu trop stricte donc j’ai voulu essayer la batterie, j’ai bien aimé aussi, j’ai alors commencé à faire de la basse. Après, je me suis rendu compte que je voulais tout faire, et que le meilleur instrument pour ça, c’est l’ordinateur. J’ai commencé à g33ké  sur des logiciels comme Music Maker 2005, Reason, Ableton, Cubase, Max MSP. J’ai enchainé ensuite en faisant un Master à Dublin en « Music & Media Technologies » où j’ai appris pleins de trucs (comme programmer ses propres plugins, l’histoire de la musique electro-acoustique, concevoir ses propres instruments et contrôleurs…). J’ai mis 2 ans à digérer tout ça et c’est à ce moment que j’ai commencé mon projet Ouai Stéphane en composant de la musique sur ordinateur et en construisant des instruments et contrôleurs que j’utilise sur scène.

Décris ton processus créatif, dans quel cadre aimes-tu composer ?

Je suis partisan de la philosophie « less is more » donc je me contente de composer avec le strict minimum : j’ai une paire d’enceintes, un ordinateur (avec un ventilo en dessous pour quand il fait chaud), une souris, une carte son, un micro, et des câbles pour relier tout ça (et j’ai un poster d’une plage paradisiaque, là depuis pas longtemps). Je suis très inspiré par les limites de mon environnement et c’est ça qui va me pousser à tirer le maximum de ce que j’ai de base. Je vais souvent commencer un morceau en expérimentant avec une technique/un tricks de production bien précis et par frustration d’avoir un résultat souvent trop abstrait, je vais essayer « d’habiller » cette expérimentation et d’en faire une musique. L’étape qui reste assez floue c’est l’incorporation de cette musique dans mon live. Comment je la joue? Quelles parties je joue ? Avec quel contrôleur ? Pourquoi ? C’est un peu au cas par cas. Je vois sur le moment.
Ché Pas

Quelle ont été tes inspirations pour « Ché Pas » ? Devons-nous toujours avoir la réponse ?

Le message était assez spontané : je n’avais aucune idée de ce que je faisais quand j’enregistrais cette musique. En gros je voulais triper avec des bouts de voix, j’ai enregistré « Ché pas c’que j’fais d’ma voix, ché pas pourquoi j’fais ça« , j’ai mis pleins d’effets dessus et comme ça me frustrait de rester qu’à l’étape d’expérimentation, j’ai rajouté des drums que j’ai distordu/modifié à l’aide de plusieurs techniques et ça a rendu quelques choses qui fait très breakbeat/jungle comme ils font en Angleterre mais avec ma voix en français par dessus.
Ché pas trop si on doit toujours avoir la réponse. Je suis plus partisan du fait qu’on devrait avoir « une » réponse et peut-être pas « toujours » non plus, chacun prend son temps pour trouver sa propre réponse. Bref, ché pas trop.

Ta principale source d’inspiration, celle qui te motive à pratiquer ce que tu fais (un artiste, mouvement, une cause peut-être) ?

Je pense que je suis motivé à faire tout ça parce que c’est ma passion. Si je faisais pas de musique en activité principale, j’en ferai sur le côté et je ferai la même chose que maintenant au final. En terme de mouvement artistique, j’aime beaucoup tout ce qui s’est passé en pop et en musique un peu plus underground dans les années 2000, surtout en Angleterre (je me rend compte au final). Toutes les scènes trip hop, electro-accoustique, breakbeat, jungle, garage, pop UK… m’influencent pas mal dans le contenu musical (Steve Reich, Vengaboys, Special Request, Ghost Culture, Kylie Minogue…). En ce qui concerne l’aspect scénique, j’ai été fasciné par les performances de Gorillaz, Jackson and his Computer Band, Jacques, Aphex Twin par exemple. Je pense qu’ils ont tous apporté une dimension « extra » musicale et propre à chacun. J’ai adoré les expérimentations de Jackson and His Computer Band par exemple avec le bras articulé qu’il soulève et ça change le son et tout. Trop bien quoi ! L’idée d’amener la musique électronique en dehors des DJ sets, de rendre la performance (ou le projet globalement) pluri disciplinaire et de croiser les genres et les arts, c’est ce qui m’excite !

Il y a deux ans tu sortais « Ouai », comment qualifierais-tu ton parcours depuis ce premier clip ?

Franchement il s’est passé plein de trucs depuis: j’ai construit des nouveaux instruments, j’ai fait pleins de concerts, j’ai rencontré plein de gens, j’ai composé pas mal de musiques et je vais continuer de sortir des clips. Donc je qualifierai mon parcours de super sympa depuis Ouai. Je m’attendais pas à tout ça, donc je suis hyper content !
Clip Ouai Stéphane
Clip "Ouai" par Ouai Stéphane

On te sait proche de Jacques, il intervient d’ailleurs dans l’un de tes EP sous la forme d’un remix, envisage-tu d’autres projets avec lui ou d’autres artistes ?

C’est pas prévu pour le moment, chacun travaille sur pleins de projets différents. Je suis de prêt ce qu’il se passe chez Global Warming Records, on travaille sur quelques projets tous ensemble. J’ai quelques projets aussi avec Ouai J’vois Ouai parce qu’on s’entend bien déjà, on a des visions similaires et il a pas mis de « s » à Ouai. On a pas mal de projets en tête qui sortiraient sous différentes formes audio et vidéo. Bref ché pas, faudrait que je l’appelle pour savoir oú ça en est tout ça.

Qu’est-ce que tu souhaites apporter à la musique ? Il y a-t-il un message dans tes sons pour tes auditeurs ?

Après mes études à Dublin, j’ai donné des cours particuliers de MAO (Musique Assistée sur Ordinateur) sur Paris. Mes élèves m’ont tous demandé ce que je faisais comme musique. Comme j’avais pas grand chose à l’époque, je me suis chauffé à en faire avec un focus sur les techniques de production qu’on voyait en cours. Après c’est parti un peu loin parce que c’est devenu des musiques sous le nom Ouai Stéphane que j’ai sorti sur Record Record et Global Warming. Donc le projet a depuis le début un côté ludique de la production, de mise en avant de techniques de composition/sound design/contrôleurs DIY (Do It Yourself) et je met tout ça dans une forme « pieds sur terre ». Je suis juste Stéphane et je fais de la musique: on peut tous le faire.
Clip Ouai Stéphane
Concert Ouai Stéphane

Des projets pour cette année (un album, clips, festivals) ? 

Pas mal de projets la pour la fin de l’année et l’année prochaine. Notamment 3 clips. J’ai un EP pour automne, peut être 2 même, voir 3, ché pas trop. J’ai en projet de faire une radio en ligne avec un poisson. J’ai une compilation d’outros avec des potes. J’ai un podcast avec un ami aussi. Je veux expérimenter avec des cardiogrammes et capteurs d’ondes cérébrales pour contrôler du son. Je pense à un album pour l’année prochaine aussi. Bref je me chauffe en ce moment ! Ché pas trop ce qu’il va se passer niveau concert, je pense que personne ne sait vraiment. J’espère pouvoir en faire bientôt parce que ça me manque.

« Ché Pas » par Ouai Stéphane est disponible dès maintenant

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