fbpx

Luigi Ghirri ou la vie en photo couleur

Rendons-nous aujourd’hui au Musée du Jeu de Paume, dans le jardin des Tuileries, pour y visiter l’exposition consacrée au photographe italien Luigi Ghirri et intitulée « Cartes et Territoires ». Jusqu’au 2 juin prochain, celle-ci nous replonge avec bonheur et nostalgie dans l’Italie des années 1970, avec des couleurs et des paysages dont nous nous lasserons jamais. Quand la vie ordinaire de l’Europe des seventies devient œuvre d’art, Art photographique et Art de vivre. Une nouvelle Dolce Vita en quelque sorte.

Quel dépaysement lorsque l’on pénètre au Jeu de Paume ! Sous ce ciel de mars aussi gris que les pavés de la place de la Concorde attenante, l’espace immaculé qui nous accueille nous place dans un cocon de douceur. En gravissant les marches nous menant au premier étage entièrement dédié à l’exposition du photographe italien, géomètre expert de formation, cette sensation d’évasion se prolonge : la lumière est douce, les murs, tantôt grège tantôt parés de corail ou de turquoise, nous évoquent les couleurs de nos vacances en Méditerranée et les cadres, tous identiques à la marie-louise près, sont autant d’albums de famille dans lesquels nous sommes happés.

C’est le bonheur que Ghirri veut capturer

Luigi Ghirri commence son travail de photographe en 1970. Il a alors 27 ans. Il photographie sa vie, la vie du quotidien, la vie des vacances et des voyages. Mais alors que la photographie n’obtient ses lettres de noblesse qu’au travers des réalisations en noir et blanc, le natif de Reggio d’Emilie choisi la couleur et notamment les pellicules Kodachrome. Et le résultat est émouvant, devenant quasiment une œuvre documentaire près d’un demi siècle plus tard. Émouvant puisque les attitudes des personnages, les lieux de vie, la nature et la façon de vivre des italiens et des européens ont tellement changés. Nous nous croyons dans les films de Visconti ou avec Mastroianni avec ces tirages d’époque aux teintes légèrement passées et jaunies. Quasi documentaire car il prend le parti de figer sur la pellicule les choses éphémères : Des affiches publicitaires qu’il détourne aux fêtes foraines en passant par ces clichés de plages corses et de la Côte d’Azur, c’est finalement le bonheur qu’il veut capturer, le bonheur des choses simples de la vie.

Une chronique photographique de la vie des années 1970

Durant la période 1970 – 1979, à laquelle s’attache cette exposition, Ghirri axa aussi son œuvre sur ce quotidien urbain qu’il connaît si bien au travers de sa profession. Les lignes droites, les jeux sur l’horizon, les ombres et les reflets, le vent dans les structures mobiles sont autant de choses qui attire son regard. Et le nôtre est attiré par la pureté des photographies. Comment ne pas avoir d’émotion devant un ciel de montagne juste troublé par la traînée laissée par un 747 ou encore cet alignement de bancs vides dans cette station balnéaire de la côte italienne ? Quasiment aucun portrait ne compose cette exposition mais nous ressentons la présence des gens, ne serait-ce qu’avec ces vues de serviettes de plage ou de ces parasols, d’un rouge framboise décoloré par le soleil et aux franges virevoltant avec le vent. Mort en 1992, Luigi Ghirri laisse derrière lui et avec cette exposition, une chronique photographique de la vie des années 1970, période à laquelle l’insouciance et le bonheur se conjuguaient au présent, avec des couleurs POP. 

Jeu de Paume
1 place de la Concorde 75008 Paris
Ouvert du mardi au dimanche.
De 11h00 à 19h00 (nocturne le mardi jusqu’à 21h00)
www.jeudepaume.org

© Photos Luigi Ghirri

Écrire un commentaire