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Le projet French Waves ou la célébration de la musique électronique

Nous rencontrons Julian Starke à l’origine de « French Waves », un projet transmédia qui retrace l’histoire de la musique électronique. La projection au Grand Rex à Paris est imminente et la foule massée dans la rue s’impatiente à l’orée de la projection. Je prends place avec ce dernier dans le club du Rex. Entre la création d’un projet original et le besoin  de célébrer l’électro, le TTT retrace le parcours de ce jeune réalisateur. 

TTT : Comment a germé ce projet, c’est une nécessité de revendiquer une culture de la musique électronique ?

JULIAN STARKE : French Waves est né il y a trois ans. Ce n’est pas tant une revendication qu’une célébration de la musique électronique. C’est l’histoire de l’héritage et la transmission entre les générations d’artistes. À l’époque, j’étais très intégré dans le collectif Pain Surprise, qu’on a fondé avec des amis comme Jacques. On organisait des soirées pour diffuser la musique électronique et je tournais des teasers. L’un des membres du collectif a ensuite été choisi pour jouer un DJ dans le Film Eden de Mia Hanseln-Løve. J’ai alors trouvé des similitudes entre l’énergie collective des personnes qui ont créés la French Touch dans les années 90 et le collectif qu’on avait nous même mis en place. J’ai donc eu l’idée de faire un documentaire autour de cette idée.

« Ça m’a semblé important de raconter des petites anecdotes qui s’inscrivent dans la grande Histoire de l’électro. »

Ce projet est décliné sur trois supports et trois dispositifs : une web-série, une tournée internationale et un film documentaire. Ce projet transmédia crée une interaction dans l’ère du temps avec le public, c’est une vision innovante des médias t’a semblé intéressante pour ce type de projet ?

Je ne voulais pas seulement faire un documentaire pour la télé ou le cinéma parce que la musique vit énormément avec Internet et certains artistes trouvent leur public grâce à ce média. Ça m’a semblé important de raconter des petites anecdotes qui s’inscrivent dans la grande Histoire de l’électro. Puis l’idée de la tournée s’est développée ; l’idée ce n’est non plus de raconter cette histoire mais de la vivre pour que le public ressente notre passion pour cette musique.

Dans la web-série, Étienne de Crécy raconte sa première Rave Party et Jacques nous invite à découvrir sa jeunesse dans un squat. C’est important pour toi d’insuffler une dimension humaine dans le projet ?

Les artistes électro de la première génération comme Pedro ou Étienne de Crécy, c’était mes idoles d’enfance. Je fantasmais aussi sur les clips de Justice, j’avais vu un documentaire sur une de leur tournée aux États-Unis, et je me suis dit qu’ils avaient cristallisé ce qui me faisait vibrer. Quand je les ai rencontrés et que j’ai commencé à tourner, j’ai découvert les hommes et non les noms. On retrouve dans le documentaire cette adoration des artistes. L’un des enjeux de ce dernier, c’est de comprendre leurs ambitions et leur travail.

Tu parles de l’interaction entre la première génération et d’artistes et celle de ces 5 dernières années. Comment les artistes étaient-ils réceptifs à la manière dont tu proposais de dévoiler leur art ?

Ça a été complexe de prime abord. Il faut acquérir une légitimité pour pouvoir créer un projet cohérent. À mesure que les artistes s’investissaient, je me suis rendu compte que je perdais de plus en plus le contact avec mon collectif. Cet éloignement m’a fait comprendre que je devais les inclure dans le projet. C’est à ce moment que je me suis rendu compte que ces deux générations n’avaient pas nécessairement d’histoires à raconter mais des instants de vie à partager. C’est ce que j’ai essayé de fixer avec le documentaire.

Tu es déjà lié à l’univers de l’électro puisque vous avez, entre autres, tourné le clip « Opening » pour Superpoze. Comment conceptualisez-vous le rapport entre l’image et la musique électro ?

J’ai toujours été passionné de musique, j’ai même essayé d’en faire moi-même en intégrant un groupe punk (rires). La musique m’a toujours inspiré et évoqué des images. J’écoute le morceau, je me laisse aller sans me poser de questions. Lorsque je vois une image, j’essaie simplement de la concrétiser et lui donner vie.

« Je me suis longtemps posé la question de ma légitimité »

Que ce soit le producteur ou toi-même, vous avez ce mot de la « sincérité » pour qualifier la musique électronique. Pourquoi ce terme ?

C’est un mot qui m’est chère, il n’y a pas de triche dans la création. Je suis persuadé que les œuvres qui touchent les gens sont sincères.

Tu mets beaucoup de toi-même dans ce documentaire, il y a une dimension d’autobiographique ?

Je me suis longtemps posé la question de ma légitimité dans cette histoire et je n’ai toujours pas de réponses. (rires) Dans la deuxième partie du film, on est plus proche des artistes. J’ai pu entrer dans l’intimité créatrice de ces derniers et cela se ressent.

Que voudrais-tu que le public retienne de ce projet ?
Mon plus grand souhait c’est célébrer de manière spontané une passion. Certaines niches musicales ont des désaccords. L’idée c’est que le projet s’inscrive dans le cycle infini de la création et si ça peut stimuler quelque chose qui donne envie de créer, ce sera réussi.

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