Julia Biel me propose que l’on se retrouve dans un café bien connu des anglophones, le Café des Anges. Rendez vous pris au 66 rue de la Roquette dans le XIème arrondissement de Paris. En ce jour de mai, la chaleur est harassante. La pression commandée en terrasse ne rafraichit jamais vraiment une capitale qui suffoque. Pourtant, le vent de fraîcheur survient; je le ressens dès les premiers mots échangés avec la musicienne. Cette jazzwoman aguerrie est une bouffée d’air frais : sa sensibilité à fleur de peau et son accent londonien charmeur y sont pour quelque chose. Julia Biel, c’est un univers qui frappe par son d’humanité et la générosité d’un jazz mêlé à des sonorités pop. La chanteuse nous pique volontiers au cœur. Le TTT vous fait (re)découvrir au travers cet entretien ce véritable talent du Jazz.
Son single « Wasting Breath » est disponible depuis le 12 Mai alors que son prochain album est prévu pour début 2018.
TTT : Quelle est la place accordée au jazz dans la musique actuelle ?
Julia : Je pense que le jazz est une liberté et ma sensibilité vient de ça. À partir du moment où l’on se sent libre dans la musique, on est libre de chanter quelque chose de l’instant.
Tu es inspiré par des monuments comme Billie Holliday. Est-ce que tu vectorises par le jazz les mêmes messages contre le racisme ou la politique ?
Le jazz a toujours fêté les minorités et combattu le racisme. J’intègre ça dans ma musique, j’essaie de célébrer la relation entre les gens, en disant que nous sommes tous semblables. Nous avons les mêmes sentiments, les mêmes joies et les mêmes inquiétudes. Ce que j’aime chez Billie Holliday, c’est qu’elle n’a eu peur de montrer sa sensibilité dans la musique, on le retrouve dans sa façon de chanter.
Dans ta musique, je ressens beaucoup d’intimité comme lâché dans le réel, est-ce que c‘est important le don de soi dans la musique ?
Pour être humain, il faut montrer la vulnérabilité, parce que c’est important de montrer que nous avons les mêmes affects.
Et justement ces mêmes affects abordés : la relation avec l’autre, l’amour, la solitude. On sent que c’est essentiel pour toi de toucher par l’universel de notre l’humanité.
J’écris mes chansons pour me donner une utilité, toucher d’une façon générale. Les gens peuvent prendre une part de cet universel, parce qu’ils n’écoutent pas ma musique exclusivement pour moi mais aussi pour que ça les touche. Quand je compose, c’est parce que je sens avant tout qu’il y a un besoin de l’écrire et ce besoin doit commencer en moi. Les thèmes sont écris pour des raisons personnelles mais sont exprimés dans un idéal universel.
Dans ta musique, on entend du jazz mais aussi beaucoup de sonorités pop. Est-ce que ce mélange est venu naturellement ?
C’est tout à fait naturel. J’admire les artistes de jazz mais quand j’étais jeune j’ai bien sûr écouté toute sortes de musique ; ce serait une erreur de renier cette part de moi-même.
Je me sens chanteuse de jazz mais musicienne soul pop-rock. Le jazz est une musique de par son histoire plutôt noir et la pop plutôt blanche, et comme je suis moi-même un mélange, je réfléchis la musique à partir de ce constat.
On dit que parfois tu as des airs de Amy Whinehouse ou Norah Jones, est-ce que tu apprécies ce genre d’analogies ?
Les deux sont des chanteuses incroyables, alors être comparée à elles c’est toujours gratifiant. Mais je n’essaie de pas de leur ressembler.
Tu as déjà une petite notoriété dans le monde de la musique, tu as été nominé à des évènements comme le BBC ou le Perrier Awards et tu as joué dans des endroits comme Jazz in Marciac. Quelles sont désormais tes projets et tes perspectives musicales ?
On se sent toujours au début de notre carrière. Je me sens comme si je venais de commencer, bien que cela fasse beaucoup d’années que je fasse de la musique. Je me pousse constamment à faire d’autres choses, pour toujours exprimer de nouvelles choses.
Ton album est éponyme, tu t’es trouvé dans la musique ?
C’est exactement ça, avant, j’étais peut-être un peu plus confuse. Avec cet album j’ai l’impression de m’être trouvé. J’ai d’abord pensé à d’autres noms puis j’ai choisi de le faire éponyme, c’est parce que ça sonnait comme une évidence.
Qu’est ce que tu dirais aux personnes qui veulent venir te voir en concert ?
Les gens m’ont dit que l’expérience sur scène est plus hypnotisante, plus émouvante. Le live apporte un focus qui rend la musique et la magie plus vivante. Du coup, c’est évidemment bien différent que pour ceux qui écoutent seul.
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