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Ciné Mode par Jean-Paul Gaultier

Du 6 octobre au 16 janvier, l’exposition rétrospective de l’histoire de la mode mêlée à celle du cinéma, mise en scène par Jean-Paul Gaultier, se tient à la Cinémathèque Française.

Costumes à l’écran

L’exposition nous emmène dans différents univers filmiques par le biais des costumes qui y sont rattachés, s’inscrivant ainsi dans l’héritage de Henri Langlois. En effet, l’archiviste et fondateur de la cinémathèque avait pour habitude de récupérer et conserver tous les éléments qui gravitent autour de la réalisation d’un film, et qui participent à former l’ensemble final. Cela peut aller des premiers scripts aux décors, en passant bien entendu par les tenues utilisées. C’est de cette façon que la cinémathèque peut se vanter de posséder l’une des plus impressionnantes collection de costumes cinéma, en partie grâce à des dons de stylistes et d’acteurs avec lesquels s’est établie une relation de confiance au fil des ans. À la fois témoins du processus créatif et traces d’un travail commun, les vêtements portent encore la magie de leur glorieux passé.

Il paraissait donc essentiel aux yeux des membres de la cinémathèque de mettre en valeur les liens entre le cinéma et la mode, ainsi que l’influence qu’ils ont l’un sur l’autre. C’est grâce à la complicité de la regrettée Tonie Marshall, actrice et réalisatrice, que le créateur Jean-Paul Gaultier, son ami de longue date, a accepté de composer la mise en scène de cette exposition. Grand cinéphile, spécialiste des shows spectaculaires, et ayant collaboré avec des réalisateurs tels que Luc Besson ou Pedro Almodovar, Jean-Paul Gaultier incarne la rencontre entre la mode et le cinéma. C’est par ailleurs en découvrant la scène de défilé dans le film Falbalas qu’il raconte avoir eu une révélation : faire de la haute couture son métier.

Cinémathèque Jean-Paul Gaultier
Falbalas par Jacques Becker. France - 1945
Une plongée révélatrice au cœur de la haute couture

Plutôt qu’une présentation sous forme de parcours chronologique, le styliste a choisi de se laisser guider par son imaginaire. Il exprime de cette façon son rapport personnel à l’univers de la mode, subversif et politique. Comme le cinéma, elle est pour lui le reflet de notre société, mais aussi le moyen de s’en libérer par le rêve. Avec d’un côté Marilyn Monroe, figure incontournable de la femme fatale Hollywoodienne, et de l’autre la « sensualité sauvage » de Brigitte Bardot, Jean-Paul Gaultier insiste sur les représentations, nées du désir masculin, auxquelles sont soumises les femmes. En mettant en évidence dans l’exposition les rapports hommes femmes, visibles jusque dans leur vêtements, le styliste cherche par la suite à déconstruire les traditions et les genres. Lui-même s’est amusé à les inverser au cours de sa carrière, en transformant ces mannequins en « hommes-objets ». Cette volonté de transgresser les codes, il la partage avec Pedro Almodovar, comme sa collaboration avec lui dans Kika, dont les tenues chatoyantes sont présentées, en est la preuve.

Très inspiré par le documentaire « Qui êtes-vous Polly Maggoo ? » de William Klein, critique ironique de l’auto centrisme du monde de la haute couture, Jean-Paul Gaultier y voit l’incarnation du tournant des années soixante. C’est à cette période qu’un vent de modernité permet aux créateurs d’être plus inventif dans leur travail, testant de nouvelles matières,  comme en témoigne la partie « Métal Hurlant » de l’exposition. C’est aussi l’heure pour les femmes de se réapproprier leurs corps, en enfilant des tenues plus androgynes. Jane Birkin dans Je t’aime moi non plus en est l’emblème.

Jean-Paul Gaultier Cinéma

L’exposition s’achève à son apothéose, dans une ultime parade. Alors qu’un écran projette les séquences les plus iconiques de défilés au cinéma, les mannequins figés sur leur estrade arborent leurs plus beaux costumes. C’est au terme de ce parcours que transparaît plus que jamais la volonté du créateur de nous faire éprouver la mode, et de la questionner plus profondément que par sa simple apparence.

La Cinémathèque

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