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Serra : Au clair de ta lune

Ooohhhh… Huuummmm… « C’est pas possible ! »… Voilà l’ambiance durant la projection de Gala du film du réalisateur espagnol Albert Serra. Quelques sièges ont vu leurs propriétaires d’un soir s’échapper au cours du film. « Liberté » est l’histoire d’une partie de la cour de Louis XVI parti s’exiler, vers 1780, dans le royaume de Frédérick II. Mais pas pour n’importe quelle raison : vivre leur libertinage. Pendant 2h12, le cinéaste ibérique propose aux spectateurs un huit clos dans une clairière où rien ne nous est caché. Au grand plaisir de certains, au grand dam d’autres.

Un sous bois, une nuit étoilée, des messieurs plus ou moins jeunes, des valets, des dames du monde, des voitures à porteurs et surtout, du sexe ! Immédiatement, nous sommes plongés au cœur du sujet. Des voix suaves susurrent quelques mots. Elles sont toutes aussi chaudes que leurs propriétaires. Les langues se délient, les envies s’annoncent, les plans de la soirée s’établissent… Qui vont être les acteurs et quels seront leurs rôles ? Les puissants et leurs préposés se mélangent, dans tous les sens du terme. Les cabines dédiées au transport deviennent des lieux de plaisir. Bref, nous assistons aux préparatifs d’une orgie !

Si la lumière, ou plutôt son absence, adoucit les images et suggère beaucoup de choses, les sons sont très présents et importants. Nous passerons les détails mais ces derniers peuvent parfois gêner ou déranger le public. Tout est cru dans ce long métrage : les dialogues, les scènes de plaisir, les situations de dominé / dominant… Cependant, il peut s’y dégager une certaine élégance dans le traitement de ce sujet du libertinage. Il faut savoir se replacer dans le contexte du XVIIIeme siècle et dans les esprits très ouverts de ces nobles.

Monsieur le Duc aime se faire fouetter ? Qu’à cela tienne ! Monseigneur souhaite une « golden shower » ? La demoiselle du couvent sera là dans une heure ! Ces scènes peuvent semblent réservées à une catégorie de films que l’on interdit aux enfants mais la mise en scène, les jeux avec la lumière de la Lune et un recul de bon aloi font passer ce film pour un quasi documentaire sur la vie sexuelle à une période donnée de l’Histoire. 

Que serait le Festival de Cannes sans son film clivant ou trash ? Sans sa polémique sur ce que l’on peut (encore) montrer dans les salles obscures ? Liberté ne doit pas rentrer dans cette catégorie. Il n’est pas un film de sexe mais sur un type de sexualité. Peu traité dans le cinéma, ce sujet a eu le mérite d’interloquer le public cannois. Entre dégoût et questionnement, entre sièges qui claquent et standing ovation, Liberté fait-il parler de lui ? Pas sûr. Ce n’était pas pourtant le but ?

Liberté
De Albert Serra

2h12

En compétition officielle en catégorie Un Certain Regard

Avec Helmut Berger, Marc Susini, Baptiste Pinteaux

Sortie prochainement.

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