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La Côte d’Azur, pour beaucoup synonyme de vacances, de paillettes, de stations balnéaires luxueuses où jamais, le soleil, ne se fait rare. Depuis 73 ans, le marché du film se réunit dans l’un de ces écrins faisant face à la Méditerranée. Photographes et critiques viennent couvrir les longs métrages qui marqueront l’année, voire les décennies, touristes comme curieux tentent d’apercevoir ces artistes qui font le cinéma d’aujourd’hui et de demain. Comment cette ville côtière, peu animée en basse saison, devient en l’espace de deux semaines l’épicentre du 7ème art ?

Une mise en scène remarquable 

Les plages attenantes aux hôtels se ferment peu à peu, au coucher du soleil, pour accueillir les soirées les plus prisées. Dans une ambiance quasi hollywoodienne, la Croisette se transforme en une véritable West Coast : les lumières rouges, évocatrices d’un tapis que seuls les bankables ont pour habitude de fouler, donnent l’air aux passants d’accéder à un univers inateignable. Smartphone à la main, ils se tiennent prêts devant les barrières où l’on affiche « Rocket Man », « Magnum » ou « Nespresso », afin de décrocher la photo de l’acteur à l’affiche, d’une star d’un soir qui aurait osé une tenue, ou du réalisateur à la carrière longue comme le bras. L’artifice d’un rêve, dégagé par ces beuveries huppés où tout le monde se connaît, c’est là que s’installe l’envie d’appartenance à cet univers glamour déconnecté. 

72e Festival de Cannes
72e Festival de Cannes
Soirée Magnum Festival de Cannes

La montée des marches 

C’est devant le Palais des festivals que les places coutent chères. Chaque année un « gang des escabeaux », habitués des habitués, réservent aux aurores un emplacement de choix. Perchés sur leurs marches de fer, ces passionnés ont une certaine grâce dans la manière de s’élever. Derrière le premier rang, ils s’improvisent critiques de mode comme de cinéma, les langues se délient, leurs remarques en deviendraient presque cultes. Ces amoureux du Festival font aujourd’hui parti intégrante du décor, aucune édition ne pourrait se faire sans eux. Sans en avoir la possibilité d’accéder aux marches du Palais, ils sont pourtant les gardiens de l’âme du festival : ceux qui répondront toujours présents aux rendez-vous.

escabeaux cannes
Gang des escabeaux Festival de Cannes 2019

Evasion salvatrice 

Si la ville de Cannes ne constituait pas déjà un lieu de villégiature à haute valeur ajoutée, l’engouement pour cette rencontre n’en serait peut-être pas aussi élevé. En effet, la Riviera se veut fidèle dans son attractivité touristique, de part ses hôtels, restaurants de plages et environnement propice à la promenade. Nul doute que ces facteurs ont joué un rôle dans l’émancipation du Festival, dans les années 1950 – 60, à travers cette atmosphère qui a inspiré la nouvelle vague. Décortiquer cette jeunesse dorée angoissée par des problèmes existentiels, mais amatrice de beaux endroits, a été l’aspiration de Jacques Deray (La piscine), de Godard (Le mépris), ou d’Agnès Varda, dont un hommage est rendu cette année. De Cannes à Antibes, il suffit d’un coup de pédale pour se libérer de la lourdeur urbaine des pots d’échappements de berlines ou des foules admiratrices, et se coller la tête dans le sable avec pour unique « nuisance » le son des vagues. 

Plage cachée près de Cannes
Derrière l'Eden Roc

Depuis quelques éditions, ne serait-ce pas le « OFF » qui ferait vivre ce festival ? Dégagé de son public d’habitués, des soirées tape-à-l’oeil et de son cadre idyllique, est-ce que Cannes maintiendrait son statut dans le domaine du cinéma ? Reste à savoir maintenant, si ce n’est dans les yeux des vrais passionnés, où réside l’amour pour le 7ème Art. Le « OFF » ouvre peut-être une piste sur ce raisonnement. 

 

Photographies ©Lucas Bonnet

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