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Jane Campion : Portrait d’une cinéaste sans concessions

Tête d’affiche du Festival Lumière 2021, la réalisatrice néo-zélandaise était de passage à Lyon afin de récupérer son prix, marque supplémentaire d’une reconnaissance internationale pour son œuvre. Elle a également présentée en avant-première son dernier film, Power of the Dog, dont la sortie est prévue sur Netflix en début décembre. C’est l’occasion de faire un tour d’horizon sur cette cinéaste a la vision singulière, encore trop méconnue du grand public.

Artiste avant tout

Jane Campion est la première femme de l’histoire du Festival de Cannes a avoir reçu la Palme d’Or pour la Leçon de piano en 1993. C’est par ailleurs avec beaucoup d’émotion que Julia Ducournau lui a remis le trophée lors de la cérémonie de remise de prix, elle qui a également connu la consécration cannoise cette année avec Titane. Néanmoins, Jane Campion ne tient pas à être montrée uniquement sous le prisme de sa féminité, ce qui serait déplorablement réducteur pour l’auteure de huit longs-métrages brillants et indépendants. Dans ses films, elle révèle sans filtre la réalité du désir féminin, bien plus complexe que la vision fantasmée à laquelle nous ont habitués la plupart des réalisateurs masculins. Elle aime mettre en scène des personnages étranges, en marges de la société, mais poussés par une même volonté de liberté et d’émancipation. C’est ce processus de confrontation à un monde environnant avec lequel ils ont du mal à s’adapter, cette tentative d’exister malgré tout, qu’aime saisir Jane Campion, considérant que « le voyage est bien plus intéressant que l’arrivée. » On note l’importance de la Nature, souvent miroir des sentiments de l’Homme et célébrée pour sa beauté imperturbable, au point de devenir elle aussi un personnage à part entière. Ainsi, même dans son thriller In the Cut, la réalisatrice filme les rues de New-York comme une véritable jungle. Enfin, Jane Campion c’est la mini-série Top of the Lake, au succès aussi critique que public.

Jane Campion et Julia Ducournau © ABACA photo
De ses inspirations à sa détermination

Très discrète sur sa vie privée, elle ne nie cependant pas que certaines de ses réalisations ont été influencées par son expérience personnelle. Mais selon elle,  les histoires ne peuvent jamais être complétement autobiographiques puisque l’on vit à travers les autres. Elle se dit également très inspirée par la littérature, citant  particulièrement Emilie Brontë et Virginia Woolf. Les livres sont pour elle comme une « carte routière » pour trouver le chemin de l’adaptation. Des images s’imposent à son esprit, de cet imaginaire va naître une première ébauche du film, qui sera ensuite irrémédiablement modifiée à l’encontre de la réalité. La surprise provoquée par les incidents, le hasard ou les nécessités techniques de la vie apparaissent comme une révélation. Lorsque on lui demande son avis sur les critiques, elle avoue éviter de les lire mais temporise tout de même «  Il vaut mieux accepter rapidement d’être toujours critiqué de toute façon. Le premier film est l’épreuve ultime. Il faut une audace folle, se battre corps et âme pour le faire exister, et il risque néanmoins de se faire détruire par des personnes qui n’ont aucune idée de tout ce qu’il y a derrière et de tout ce qu’il représente pour vous. Si vous vous sentez découragés dès votre premier film, alors le cinéma n’est pas fait pour vous. »

© Olivier Chassignole
Envers et contre la crise sanitaire

Interrogée sur l’avenir du cinéma après la crise du Covid et les conséquences qu’elle a eu sur toute l’industrie, elle se montre optimiste. Jane Campion a confiance en l’avenir du septième art et pense que le petit et le grand écran pourront apprendre à cohabiter sans que l’un prenne la place de l’autre. Elle est avant tout reconnaissante en Netflix d’avoir financé Power of The Dog, regrettant néanmoins qu’il n’est pas eu une vraie sortie en salle auprès du public français, et particulièrement lyonnais qui aime tant le cinéma : « On croirait qu’ils ont été payés pour venir ! » s’étonne-t-elle en riant face à la foule présente à chaque projection, elle estime que le principal reste que les films continuent à exister qu’elle qu’en soit la manière.

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