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Festival Lumière : notre sélection

Alors que la 14ème édition du festival Lumière s’achève en beauté, le moment est venu de partager nos plus belles découvertes parmi les films projetés. Voici donc notre sélection de trois œuvres précieuses et uniques, incarnant chacune un pan de l’histoire du cinéma.

La petite, Louis Malle, 1978.

Véritable coup de cœur de cette édition, La Petite est un film dur et violent, devant lequel on se surprend pourtant à sourire sincèrement.
Nouvelles Orléans, 1917 : Violet, âgée de 12 ans, vit avec sa mère dans une maison close du Quartier Rouge. Alors qu’elle se prépare à suivre la même voie, l’arrivée d’un photographe énigmatique vient perturber la petite fille.

À la lecture de ce résumé, l’on comprend aisément pourquoi Louis Malle fut un cinéaste à l’origine de nombreuses controverses, ayant par ailleurs émigré aux Etats-Unis pour tourner ce film, après le scandale de Lacombe Lucien.
Dès le premier plan, au hors champ très suggestif, le spectateur se retrouve confus, plongé dans un point de vue enfantin face à un environnement particulièrement sombre, appartenant au monde des adultes.
C’est ce qui fait la force (et la polémique) du long-métrage : avec une infinie justesse, il se place toujours en simple observateur, sans aucun jugement moral. Face à cette position ambiguë, nous sommes déstabilisés et remettons en permanences nos a priori en question. Le rire survient ainsi au milieu des passages les plus cruels, comme lorsque Violet est vendue pour la première fois à un homme. Alors qu’elle-même est excitée et ravie de vivre ce qu’elle considère comme un rite de passage, la scène provoque successivement dégoût, amusement et révolte.

En nous faisant entrer dans le quotidien de ces prostituées par le prisme de l’enfance, Louis Malle révèle une solidarité et une complicité inattendue parmi ces femmes. Elles forment en effet une véritable famille, protectrice et rassurante  aux yeux de Violet, à l’inverse du monde extérieur, auquel elle est complétement inadaptée. Ainsi, à l’instar du photographe dans le film, la beauté qui se cache derrière une misère et une crasse apparente se révèle progressivement à nous.

Si l’interprétation de la petite (Brooke Shields) est absolument sidérante, la photographie de  Sven Nykvist (le chef opérateur d’Ingrid Bergman), lumineuse et naturelle, n’est pas en reste. Enfin, la mise en scène vient sublimer l’ensemble, en formant au fil des plans une composition harmonieuse et picturale, révélatrice des relations entre les personnages.

Mme du Barry, Christian Jaque, 1954.

Restauré en 4k grâce à sa récente acquisition par la collection TF1 Studio, ce film, comme son réalisateur et cette part du cinéma français ont été très vite oubliés. Le long-métrage retrace la vie de la dernière favorite officielle de Louis XV, communément appelé la du Barry. De naissance modeste, la maîtresse du roi n’était guère appréciée, tant de la cour que du peuple, et son ascension fut aussi fulgurante que sa chute.

Entre complots et manigances, on se régale des dialogues très grivois écrits par Henry Jeanson ainsi que du rythme comique des acteurs. D’une liberté extrême pour l’époque, la vulgarité du film choqua beaucoup à sa sortie, et surprend encore aujourd’hui.

Néanmoins, si Christian Jaque se moque ouvertement des hommes avilis de pouvoir ou soumis à leurs pulsions, les femmes ne sont jamais pour eux qu’un moyen de parvenir à leurs buts, et elles sont représentées comme des idiotes vénales et manipulatrices. Martine Carol, l’actrice principale a d’ailleurs été reléguée tout au long de sa carrière au rôle de la fille facile, pardonnée grâce à son bon cœur et son étourderie (pour ne pas dire sa stupidité), jusqu’à ce qu’elle soit complétement évincée par Brigitte Bardot dans les années 60, une favorite en remplaçant une autre…

Pee-Wee Big Adventure , Tim Burton, 1985.

Pee-Wee, grand enfant entouré d’une profusion de gadgets plus absurdes les uns que les autres, ne vit que pour sa bicyclette… Jusqu’au jour où celle-ci disparait mystérieusement. C’est le début d’une série d’aventures périlleuses à travers lesquelles notre héros va faire de belles rencontres auprès de personnages (presque) aussi excentriques que lui, et surtout apprendre à s’ouvrir aux autres. Véritable voyage initiatique, ce film frappe toujours par sa portée universelle.

Premier long-métrage de Tim Burton, on retrouve déjà toutes les thématiques qui seront développées par la suite le long de sa carrière : les monstres, évidemment, mais aussi son amour des marginaux, des solitaires, des inventions bizarres et inutilement complexes, l’animation et un hommage à un certain cinéma horrifique.

On ressent également un besoin de tout donner dans cette première expérience, quitte à en faire un peu trop. Le cinéaste dira lui-même : « Pour devenir réalisateur, il ne faut avoir peur de rien et garder un minimum d’égocentrisme et une confiance suffisante en soi pour foncer. Un certain degré d’ignorance aide aussi. Plus les expériences s’accumulent, plus tu angoisses. Jamais je n’ai été autant en sécurité et aussi peu angoissé que sur Pee-Wee. C’était le pied intégral. » (Tim Burton in Tim Burton – Entretiens avec Mark Salisbury, Points).

 

La dimension autobiographique de l’œuvre est palpable, puisque Pee-Wee est un garçon bizarre, obsédé par les monstres, résidant dans une petite banlieue américaine… Malgré cet aspect très intimiste, le film parvient à toucher un large public  puisque les rires, des enfants aux plus âgés , se sont fait entendre dans la salle à chaque projections.

Enfin, Pee-Wee Big Adventure c’est l’une des course – poursuite les les plus folle et imaginative d’Hollywood, le tout accompagné des compositions mémorables de Danny Elfman.

Sven Nykvist ©Paramount Pictures

Christian Matras © Les Films Ariane, Rizzoli Film

Victor J. Kemper © Warner Bros., Aspen Film Society

 

 

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