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The French Dispatch : Le nouveau conte d’Anderson

Certainement l’une des plus grandes attentes de cette 74e édition du Festival de Cannes, après une année de retard le dernier bijou de Wes Anderson a été présenté dans le cadre de la compétition.

Folie sur la croisette qui guettait avec extase l’arrivée d’un casting immense : Bill Murray, Tilda Swinton, Frances McDormand, Lea Seydoux, Timothée Chalamet… jusqu’aux rôles secondaires et pourtant si brillants où l’on retient les performances d’Elisabeth Moss et de Mathieu Amalric. Vous l’aurez compris, c’était une équipe des plus bankable qui foulait le tapis rouge ce soir-là. Un nombre improbable de rôles laissant supposer un scénario vaste et aux intrigues multiples, il est en réalité linéaire tout en prenant place dans trois temporalités différentes, entre le Kensas et Blasé-sur-Ennui, bourgade fictive inspirée d’un idéal français selon Anderson. Trois temporalités bien distinguées dans le film, rigueur Andersonienne oblige, à l’image du chemin-de-fer d’un numéro de magazine en préparation.

The French Dispatch Cannes

L’amour, l’amour, l’amour

L’on débute ainsi sur un décès, celui du rédacteur-en-chef du magazine The French Dispatch, Arthur Howitzer Jr. (Bill Murray) laisse ses instructions pour mettre un terme à la revue, l’écriture d’une nécrologie commence. En prison, une histoire d’amour naît : celle entre Moses Rosenthaler (Benicio del Toro), un détenu-artiste psychopathe et Simone (Lea Seydoux) une surveillante pénitentiaire, devenue sa muse. Idylle où les rôles sont respectés, et où toute la grâce réside : Moses Rosenthaler suit son instinct créatif et produit une fresque monumentale sur l’un des murs de la prison, partout il s’agit de Simone. La rumeur d’une œuvre brillante de modernisme arrive jusqu’aux oreilles amatrices – sous-entendues clichées – d’une intelligentsia américaine de niche, la collection Crumpette dont la curatrice excentrique J. K. L. Berensen (brillamment interprétée par Tilda Swinton) opérera un déplacement fastueux pour transporter la création monumentale jusqu’à la Fondation, au milieu d’un champ de maïs.

Lea Seydoux et Benicio Del Toro
Tilda Swinton The French Dispatch

Parallèlement dans un contexte soixante-huitard la jeunesse se révolte, se libère, un jeune naïf inspiré (Timothée Chalamet) prend comme mentor et amante une femme de trois fois son âge (Frances McDormand). L’écriture d’un manifeste plus tard, s’en suit une résolution en partie d’échec avortée, conduisant les forces de l’ordre à intervenir selon les ordres du maire d’Ennui-sur-Blasé. Ce n’est qu’après une course-poursuite pour retrouver le fils du commissaire enlevé que l’on retourne dans les locaux de The French Dispatch, bouclage de la nécrologie et naturellement du film.

Timothée Chalamet The French Dispatch

Une surprise trop attendue  

À l’image des clichés perçus de la France à l’international, The French Dispatch se veut l’ensemble joliment grotesque de l’univers propre à Wes Anderson. Européano-centré confirmé dans l’ensemble de sa filmographie, l’œuvre présentée lors de cette semaine cannoise est un véritable condensé esthétique à la fois très appréciable et déjà-vu. En effet, peu de prises de risques sont à retenir, même si le caractère chimérique avec le cinéma d’animation ouvre des perspectives visuelles remarquables. 

Ainsi The French Dispatch s’insère dans la continuité de l’école d’Anderson : soigné et gentil, mais des émotions trop légères et disparates pour avoir la larme à l’œil. Sans jamais tomber dans la facilité d’un scénario sans queue ni tête, le fil de l’histoire se suit à la manière d’un conte moderne captivant de part ses retentissements, son humour, et cette certaine idée de l’esthétique mignonne et polie qui vous procure un bon moment.

Affiche The French Dispatch

The French Dispatch

par Wes Anderson

En compétition · Sélection officielle

116 minutes

avec Tilda Swinton, Frances McDormand, Bill Murray, Jeffrey Wright, Adrien Brody, Benicio del Toro, Owen Wilson, Léa Seydoux, Timothée Chalamet, Lyna Khoudri, Stephen Park et Mathieu Amalric

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