Premier film en 8 ans pour Ari Folman après Valse avec Bachir (2008) et Le Congrès (2013), Où est Anne Frank ! (hors-compétition) était particulièrement attendu. Cette fable contemporaine en animation donne aussi l’opportunité d’être analysée à l’aune des thématiques récurrentes dans le cinéma d’Ari Folman.
Le synopsis peut se résumer de cette manière : Kitty, l’amie imaginaire d’Anne Frank, se retrouve projetée dans le monde contemporain sans connaître la date ou l’histoire de celle-ci. Embarquant avec elle l’original du journal, elle tente de composer avec le monde qui l’entoure tout en utilisant le journal pour replonger à l’époque d’Anne Frank et suivre ce qui lui est arrivé. Il faut d’emblée clarifier un malentendu sur le film : oui, il s’adresse principalement à un public scolaire mais ce en s’attaquant à des questions très sensibles sur l’époque actuelle et les échos de la Shoah sur cette dernière. Le film est absolument passionnant par la créativité de son animation, permettant à Ari Folman d’user d’une liberté totale : passage d’une époque à une autre, action virevoltante, objets réels insérés dans certains plans… L’image montre clairement la volonté de faire de ce journal un conte (forme peu identifiée dans cette 74ème édition jusqu’à présent) et Ari Folman réussit tout le long ce pari, sans pour autant verser dans une forme de candeur.

Des ambitions cohérentes et caractéristiques de sa filmographie
Sur ce point, on remarque assez vite la tentative de synthèse de deux thématiques cruciales de son cinéma que sont l’influence de la mémoire et de l’enfance sur le monde moderne. Le Congrès usait déjà de cette forme où le fils de Robin Wright était à la fois l’incarnation d’une innocence porteuse d’espoir et le vecteur direct, presque inquiet du changement. Où est Anne Frank ! reprend à son compte cette place qu’une génération doit tenir dans les grands enjeux de l’époque (presque naïvement par moments) tout en avertissant – même si Kitty rappelle que « certes, le monde a changé » – sur le sort des enfants réfugiés en Europe. Il n’est pas étonnant de voir ce procédé assez similaire de celui de Valse avec Bachir : impossible d’appréhender les enjeux du présent sans avoir décortiqué le passé ; démarche forcément plus sinueuse sur l’héritage d’Anne Frank. Pour autant Ari Folman la déroule tout le long du film, semblant guidé par un seul but : à ne pas écouter les aspirations des plus jeunes, nous finirons par oublier qu’elles découlent d’un héritage dont nous sommes les premiers responsables.
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.