Romance et trappe-trappe entre un policier et une veuve suspectée d’avoir poussé son mari du haut d’une montagne dans ce onzième film du réalisateur Park Chan-wook, présenté en compétition de ce 75e Festival de Cannes.
Le cinéaste sud-coréen Park Chan-wook revient sur les marches de Cannes après Mademoiselle (2016) et Je suis un cyborg (2006) pour présenter Decision to Leave, une affaire sans suspense prenant place dans le Seoul de nos jours où un policier (Park Hae-il) est chargé d’enquêter sur la mort d’un homme dont la veuve (Tang Wei) est la principale suspecte malgré un alibi bien rodé. Convaincu de sa culpabilité, le film se concentre sur la recherche de la preuve irréfutable qui mènerait à déterminer la cause du décès comme meurtre et non un suicide, en faisant face à un facteur sentimental important : le début d’une romance entre le policier et la suspecte dans un scénario hitchcockien des temps modernes.
Attrape-moi si tu peux
Outre la performance de nos deux amants, aussi percutante que le reste du casting, le parti-pris esthétique est particulièrement léché et s’égalise sur l’ensemble de l’objet : Decision to Leave est l’un de ces films avec une certaine aisance typique du cinéma coréen de genre. À l’instar du mystère à élucider, le scénario nous perd dans des péripéties parfois claires et parfois contradictoires, laissant le spectateur déstabilisé par l’attitude d’une meurtrière qui n’en a pas tellement l’air, aux antipodes de la représentation du « méchant » d’un film bien qu’elle manque d’empathie pour feu son mari. L’on s’accroche ainsi à la naissance d’une relation passionnelle sous le joug de l’interdit moral, celle entre un enquêteur en plein naufrage maritale et une femme veuve depuis quelques jours. Cette dernière poursuivra son objectif plusieurs mois plus tard dans une situation analogue, ce que l’on ne ferait pas par amour.
Park Chan-wook confiera cet après-midi à l’occasion de sa conférence de presse avoir voulu écrire un scénario du type « jeu du chat et de la souris », ce qui est d’autant plus déroutant lorsqu’on tente de comprendre qui, finalement, tient le rôle du chat ou de la souris dans ce jeu de manipulation.
30 mai 2022, 10 h 39 min