Véritable objet visuel non identifié, le dernier film de Leos Carax « Annette » a été présenté lors de la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes. À sa place après un parcours cinématographique intimement lié au Festival depuis son premier film « Boy meets Girl ».


Adam Driver et Marion Cotillard en tête d’affiche, duo d’artistes où elle interprète Ann, une soprano, lui Henry, un comédien borderline dont la psyché imprègne le film dans sa totalité. À la fois captivant et insaisissable, le résultat est à mi-chemin entre la comédie musicale et le mystère lyrique. Annette fait le récit d’un couple en plein naufrage, et dont la tempête est à peine prévisible. Pourtant jonché de symbolique, d’indices prévenant Ann de son destin funeste, le scénario suit une trajectoire bizarre, insensée, et pourtant pleine de délices. Les lectures varient autant qu’il existe d’interprétations. Si le film paraît grotesque, risible, de la poupée Annette – incarnation de l’innocence – jusqu’à la psychologie de l’assassin, le ton est en réalité plus sérieux et fait l’objet d’un sentiment d’altérité vis-à-vis du personnage d’Henry. Réflexion contemporaine de la perception du coupable, à l’heure #MeToo et de la cancel culture, que reste-t-il de l’homme lorsqu’il commet l’irréparable ? Pourtant Leos Carax, plus subtile, ne s’affaire à dresser le profil type d’un meurtrier en quête de sens : par Annette, sa fille, Henry ne cherche qu’à retrouver l’être aimé.

Annette
par Leos Carax
Film d’ouverture en compétition dans la sélection officielle 2021 En salles depuis le mardi 6 juillet
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