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Aftersun : Écran total

Quatrième long-métrage présenté en compétition de la Semaine de la critique, et premier réalisé par Charlotte Wells qui met la barre haute avec cet objet visuel personnel. Dans la tentative d’une reconstruction de soi, Aftersun est une enquête introspective qui conjugue mémoire et fabulation. 

« Sophie contemple les moments de joie partagée et la nostalgie intime des vacances qu’elle a passées avec son papa vingt ans plus tôt. Des souvenirs, réels et imaginés, comblent les vides entre les enregistrements avec son miniDV, alors qu’elle tente de concilier le père qu’elle a connu et l’homme qu’elle ignorait. »

Cahier de vacances

Turquie, dans les années 1990, un père et sa fille passent une semaine de vacances dans un complexe hôtelier de type village-vacances. Sophie (Frankie Corio) est âgée de douze ans, elle incarne avec cette justesse cette période de transition entre l’insouciance assumée et les premiers émois amoureux, tandis qu’Adam (Paul Mescal) est un papa-poule sensible à l’allure joviale, discret sur ses douleurs tant physiques que mentales. Un séjour mémorable dont la trame aussi douce que léchée n’est qu’un motif pour aborder une relation arrivée au point de non retour. 

Appliquée et touchante, Charlotte Wells livre à cœur ouvert les derniers souvenirs qu’elle garde du père qu’elle ne retrouvera pas. Cette atmosphère détendue est une rythmée par des moments incertains, du trouble représenté par Adam dans son attitude énigmatique, par Sophie sur ses sentiments, par le film dans son rapport à la danse, sorte de combat esthétique et symbolique qui accompagne cet objet dans une lecture ouverte et plutôt opaque. Un jeu passionnel et conflictuel d’une fille adoratrice et de son père aux maux ineffables, par lequel Paul Mescal brille à l’écran d’une sensibilité qui lui est propre, et où l’on jalouse presque cette complicité avec la jeune actrice dans ses rapports fraternels. Aftersun est une fable jolie sans réelle prise de risque, l’extrait adolescent d’une épopée de l’intime qui hante encore sa réalisatrice aujourd’hui, présentant ce film frais sous un soleil au zénith. 

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