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Douleur et gloire. Le dernier Pedro Almodovar annonce la couleur avec son titre. Cette douleur de l’enfance qui resurgit à l’âge adulte, âge aussi de la gloire pour ce gamin devenu un brillant écrivain et réalisateur. La couleur qui domine, paradoxalement dans ce film aux nuances sombres, c’est le blanc. Ce blanc des murs des maisons typiques, synonyme d’une jeunesse tourmentée, qui fait échos aux pages désespérément blanches de cet intellectuel malade, autant physiquement et psychologiquement. En 1h52, le réalisateur ibérique nous propose de plonger dans l’esprit un jeune garçon qui échappe à son destin et qui devient acteur et réalisateur de sa propre vie.

Le casting en or peut éblouir le spectateur dès les premières minutes : Pénélope Cruz en mère pleine d’espoir, Antonio Benderaz en cinéaste en perte de sensations heureuses et le petit Cesar Vicente, en enfant touchant voyant un destin se profiler et voulant s’en échapper. Mais il y a beaucoup moins de faste et de brillance dans la vie du jeune Cesar Vicente. Étant forcé de quitter la vie villageoise pour celle paysanne, la famille se retrouve dans un huit clos, cette maison creusée à même la roche, cette grotte dont le fils veut s’extirper. Ça sera au moyen de l’écriture, écriture qu’il transmet à un charmant maçon analphabète, dont nous se soupçonnons pas l’importance capitale dans son émancipation.

Une vie dédiée à l’écriture.

Allers-Retours entre enfance et vie adulte, entre l’odeur du jasmin des draps de son lit d’éventuel jeune séminariste et celle d’une drogue, l’héroïne, partagée avec son ancien ami et acteur fétiche, entre certitudes juvéniles sur son avenir et doutes existentiels à l’âge adulte, Dolor y Gloria en version originale parle à tout le monde. Ajoutons un amour de jeunesse qui resurgit autant, dans une pièce de théâtre autobiographique que débarquant un appartement madrilène plus proche d’un musée qu’un lieu de vie, et nous avons sur l’écran, une touchante prise de conscience tardive d’un artiste ne voulant pas se voir condamné par des douleurs insupportables.

Une prise de recul.

Le dernier tiers du film accroche aux personnages comme à sa propre famille : cette amie qui s’occupe de vous comme si elle était votre sœur ou votre femme, cette vision d’une mère faisant tout pour son fils quitte à perdre une vie assez tranquille, cet amour pour son métier qui le fait vivre et qui finalement, est le meilleur médicament qu’on puisse lui prescrire. La fin, aussi inattendue que surprenante, se résume en un mouvement de caméra et défini bien l’attitude que nous devrions tous avoir dans cette situation : prendre, doucement mais sûrement, du recul sur sa vie et son passé.
Affiche du film - Douleur et Gloire - Pedro Almodovar

Douleur et Gloire 

De Pedro Almodovar (Espagne)
En sélection officielle.
1h52
Avec : Antonio Banderas, Penélope Cruz, Asier Etxeandia et Leonardo Sbaraglia.
Sortie prévue le 17 mai 2019.
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