C’est ce jeudi 24 juin que le Festival de Cannes nous dévoile son Jury, composé de trois hommes contre cinq femmes, originaires des quatre coins du globe dans un souci de diversité souligné par les organisateurs « venus des cinq continents et issus de sept nationalités », que l’on ne peut que saluer. Présidés par le réalisateur Spike Lee, ils auront le privilège d’attribuer la Palme d’or, récompense suprême. En voici les membres :

· Mati Diop est une réalisatrice et actrice franco-sénégalaise dont le cinéma, comme la vie, vogue entre Paris et Dakar. Familière du Festival de Cannes, puisqu’elle a obtenu pour son premier long-métrage Atlantique (2019) le Grand Prix, elle a fait également partie des français les plus influents au monde dans le classement Vanity Fair de 2019. Perçue comme l’espoir d’un cinéma plus international, ses films cherchent à saisir la modernité de notre époque, tout en y entrelaçant la beauté de la nature, sous les yeux d’une jeunesse emportée par l’amour et les convictions (Milles Soleils (2013), Big in Vietnam (2012)). Son travail porte sur la thématique de la distance, mettant en jeu les résonnances d’une ville à une autre, tout en restant profondément humain.
· Kleber Mendonça Filho, réalisateur et scénariste brésilien, a commencé sa carrière comme programmateur et critique de cinéma, tout en réalisant à côté des courts-métrages récompensés (notamment à Cannes et Clermont-Ferrand. Son premier long métrage, Les bruits du Recife (2012) est un succès critique, si bien qu’il est classé par le New York Times comme l’un des meilleurs films de cette année. Par la suite, Aquarius (2016) sera sélectionnées à Cannes, et plus récemment l’excellent Bacurau (2019), coréalisé avec Juliano Dornelles, lui vaudra le prix du Jury. Son œuvre, très sociale et critique du gouvernement brésilien, réussit néanmoins à faire voyage en dehors des frontières. Il est désormais programmateur de films pour l’Instituto Moreira Salles à Rio de Janeiro et São Paulo, et directeur artistique du Janela Internacional de Cinema do Recife.
· Magie Gyllenhall, productrice, actrice, scénariste et réalisatrice américaine, a très vite été plongée dans le milieu en jouant dès son adolescente dans le teen-movie culte Donnie Darko (2001). Elle sera révélée à la critique par le film La Secrétaire de Steven Shainberg (2002), puis travaillera avec les plus grands comme Spike Jonz dans Adaptation (2002) ou encore George Clooney dans Confessions d’un homme dangereux (2002). C’est avec le blockbuster The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008) qu’elle obtiendra la reconnaissance mondiale. Elle a en outre obtenue une nomination aux Oscars pour le film Crazy Heart (2009) et a du succès dans l’univers de la série télévisée (The Deuce, Honorable Woman).
· Jessica Hausner est une réalisatrice, scénariste, autrice et productrice venue d’Autriche. Née à Vienne, elle est issue d’une famille d’artistes (son père et sa sœur sont peintres) et décide d’étudier à la Filmakademie Wien, où elle réalise quelques courts métrages récompensés. Lovely Rital (2001) et Hotel (2004) ont par ailleurs tous deux fait partie de la section Un certain regard à Cannes. C’est avec Lourdes (2009) qu’elle obtient le prix FIPRESCI du Festival de Venise, et plus tard son film Little Joe (2019) s’exporte internationalement. Son œuvre se reconnaît par son univers décalé, dans lequel les personnages se débattent contre la solitude et l’abandon.
· Tahar Rahim, acteur français, s’est révélé dans le poignant Un prophète (2009) de Jacques Audiard, Grand Prix du Festival de Cannes et tributaire de neuf Césars, dont celui du meilleur espoir masculin et du meilleur acteur. Ce succès propulse sa carrière jusqu’à l’internationale, puisqu’il incarnera le prince du peuple Seal dans L’Aigle de la 9ème Légion en 2011, aux côtés de Channing Tatum et Jamie Bell. Par la suite, il aura l’occasion de donner la réplique à Omar Sy dans Samba (2014) et Léa Seydoux dans Grand Central (2013). Tête d’affiche du cinéma français, il a joué plus récemment dans la mini-série à succès Le Serpent sur Netflix.
· Mélanie Laurent est une actrice, scénariste, réalisatrice française dont la carrière débute fort alors qu’elle n’a que quinze ans, avec Un pont entre deux rives (1998) dans lequel elle rencontre Gérard Depardieu qui lui donnera des conseils pour la suite. Conseils visiblement efficaces, puisqu’en 2006 elle obtient le César du Meilleur Espoir Féminin grâce à sa bouleversante prestation dans Je vais bien ne t’en fais pas (2006) de Philippe Lioret. En 2009, elle joue l’un des rôles principaux dans Inglorious Basterds de Quentin Tarantino. Elle collaborera par la suite avec des grands noms tels que Mike Mils, ou encore Denis Villeneuve. Tout en développant en parallèle sa carrière de chanteuse, elle s’est montrée très engagée sur les questions environnementales et a réalisé l’un des derniers plus gros succès du documentaire français avec son long-métrage « Demain » (2015).
· Song Kang-ho est un acteur phare de la Corée du Sud. Propulsé sur le devant de la scène avec l’immense succès de Parasite (2019), dernier détenteur de la Palme d’Or, il a également travaillé a de nombreuses reprises avec le réalisateur Bong Joon-ho, notamment sur les très bons Memories of Murder (2003) et Snowpiercer, le Transperceneige (2013). Considéré comme l’un des meilleurs de sa génération, il n’a pourtant pas suivi de formation et a débuté dans un groupe de théâtre social et expérimental.
-Enfin, la surprise de cette assemblée, c’est la chanteuse Mylène Farmer, extrêmement populaire auprès du grand public. Autrice et interprète canadienne et française, elle est considérée comme une icône de la musique, dont les disques vendus se comptent en millions. Ses shows immenses, véritables prestations spectaculaires et ses clips réalisés comme des court métrages rendent tout à fait cohérent ce choix pour le moins inattendu. En effet, Mylène Farmer a toujours été fascinée par le cinéma, et l’un de ses premiers clip, Libertine (1980) est directement inspiré du film Barry Lindon de Stanley Kubrick (1975). Elle est également apparue dans le film Ghostland (2018) de Pascal Laugier. Véritable figure d’émancipation féminine, elle a travaillé avec des personnalités du cinéma tels que Luc Besson, ou encore Abel Ferrara, et avec des photographes de mode (milieu dans lequel elle a elle-même eu une brève expérience en tant que mannequin) tels que Jean-Baptiste Mondino et Peter Lindbergh.
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